grande Musaraigne de l ’Inde et l ’Ibis blanc des mêmes contrées, remarquable par
ses paremens métalliques aux ailes, ont^écu avant l’ère chrétienne en Égypte ; ce
qui est venu a notre^connaissance par leurs dépouilles qui s’en sont trouvées dans,
les né~. ¿pôles de Thèbes et de Mempliis. L’Ibis blanc d’aujourd’hui, vivant dans une
certaine saison en Égypte, n’est point le même que l’analogue indien : i l se serait
modifié par la perte de ses paremens. Une température plus élevée ou plus hygrométrique
peut causer l’absence de ces paremens : car un degré pojar un plus riche
développement est dans latdépendance des conditions du sang lancé avec plus de
violence, et céHes-ci peuventà leur tour dépendre d’une modification dans la structure
des poumons. La grande Musaraigne ne paraît point non plus exister en Égvpte.
Récapitulons ces faits pour la solution cherchée, la détermination spécifique
du Sanglier d’Érymanthe.
La longueur de la tête et l’acuité du museau doivent faire pencher pour une des
espèces du sous-genre des Sangliers; puis, quant à celles-ci, la considération de
la crinière porte à préférer le Sanglier de l’Inde ; et nous avons yu qu’il n’y a rien
à inférer de la grande distance de la patrie de ces animaux.
L’état de la crinière ramènerait assez sur les Phacochères, qui ont les poils du
dos d’une extrême longueur; mais en même temps ils sont rares, comme sur tout
le reste du corps; considération toutefois d’assez peu d’importance : on saihpar l'histoire
du Mouton combien les poils ont peu dç tenue et sont sujets à la variation.
Cependant les Phacochères ne satisfont point pleinement pour la détermination
désirée, bien qu’en quelques points il y ait rapport d’eux avec les Sangliers des
monumens grecs, et par exemple, au sujet des yerrues de la joue, des yeux plus
haut placés, de l ’étendue de la région suboculaire, et du chanfrein arqué. Mais présentement
voici des différences décisives : la tête des Sangliers antiques, et nous
pouvons déjà dire avec confiance du Sanglier d’Érymanthe (comme nom d’espèGe);
la tête des Sangliers antiques est plus longue; le museau est moins large et plus aigu;
l’état des défenses surtout n’est susceptible d’aucune équivoque. Les dents si grosses
des Phacochères, qui les ont fait comparer à des cornes, et nommer ainsi par Élien,
sont tout-à-fait spéciales aux espèces de ce sous-genre. La dent postérieure provenant
de la mâchoire d’en haut est d’une grandeur démesuré#; elle surpasse en épaisseur |
et en longueur la défense antérieure, elle-même étant déjà d’un volume remarquable.
D’un autre côté, les défenses du Sanglier d’Érymanthe së distinguent aussi par
une forme propre, conséquemment caractéristique d’un autre type spécifique ; elles
tiennent dès dents du Babyroussa, sans en offrir toute, la longueur e.t le double
contour ; car du moins elles sont d’un même diamètre, et de paêpae rondes et lisses :
l’antérieure, qui naît de la mâchoire d’en bas, est, dans tous les exemplaires que j’ai
examinés, un peu plus longue,
Maintenant je dois demander grâce pour la prolixité de cette discussion. Mais,
vraiment l’ai-je pu éviter? Sont-ils même suffisans, ces détails, pour une conclusion
nette et lucide? je n’ose m’en flatter. Du moins l’on m’acëordéra sans doute
volontiers qué les élémens . produits par les arts au temps de Phidias et d-Alcamène
se complètent les uns par les autres, et que l ’histoire naturelle a fait aujourd’hui
suffisamment de progrès pour être en mesure de considérer ces acquisitions du point
de vue qui les a fait concevoir et enfanter dans le siècle des grandes pensées. Or, toutes
ces données, pour exprimer des idées poétiques et devenir sensibles et réalisables
oculairement, ont dû, selon les inspirations et le génie d’alors, soumettre les copies
du vrai matériel à des conditions d’exagération qui en Consacrassent le grandiose ou
le genre gracieux par des effets ou d’une force majestueuse ou d’une suavité naïve.
Par conséquent le naturaliste peut aujourd’hui*prendre foi dans,les représentations
que lui a transmises l’antiquité, et croire au positif de ses recherches, s’il s’est attaché
à {apprécier avec quelque sagacité les circonstances qui lui dérobent quelques faces
de son sujet.
Cela posé, je crois à ces résultats :
1 .° Les faits de la revue de ce troisième article révèlent l’existence d’un Sanglier
où toutes choses sont réciproquement dans une parfaite harmonie et dans une
mesure convenable.
2.° Les caractères reconnus de ce.Sanglier ne s’appliquent ni à aucune des espèces
du groupe'des, Cochons sauvages, le soïii-génre Sus, ni à aucune d e celles du groupe
des Sangliers aux fortes verrues, le sous-genre Phacochoerus.
3.° Ces caractères signalent des conditions nouvelles d’arrangement organique,
une conformation mixte qui tient de plusieurs systèmes de l’état actuel, enfin une
espèce zoologique à ajouter à la liste des êtres.
4 ° H fut donc dans l’antique Péloponèse un Sanglier qui ne s’y retrouve plus,
et qui peut-être a tout-à-fait disparu du globe : tel est le S a n g l ie r d ’É r y m a n t h e .
Conclusions des considérations du second chapitre.
Je regarde comme suffisamment avéré que voilà trois animaux qui, s’ils existent
encore en d’autres contrées de la terre, ont autrefois vécu en Grèce,'et n’y existent
plus maintenant.
Ce résultat ne serait-il pas considéré comme entièrement nouveau, il m’aurait
du moins paru- mériter d’être exposé plus explicitement qu’on ne l ’a fait encore. De
plus, la-convenance de cette mesure croît, ce me semble, en raison de cette autre
Circonstance, savoir, que ces nouveaux documens nous sont procurés par une page
de l ’histoire ancienne, laquelle était demeurée enfouie durant plus de quinze siècles;