à pinces de forme ordinaire ; tandis que les Atyes ont les quatre pieds antérieurs
terminés par des piiices fendues jusqu’à, leur base. Quoiqu’il en soit, le genre
qui nous occupe est jparfaitement distingué de tous ses voisins et mérite d’être
adopté. Il ne se conq>ose jusqu’à présent que d’une espèce, et nous démontrerons
plus loin que YAlpheus thyrrhenus de Risso ne peut être séparé de
YAlpheus pinnophylax d^Otto, qui est la Pontonia parasilica de Roux.1
Ces crustacés ont été connus des anciens, qui les ont désignés, ainsi qu’un
petit Brachyure, sous le nom de Pinnothères. C’est Aristote qui a le premier
signalé que les Pinnes marines, les Moules et autres coquilles bivalves renferment
quelquefois un hôte étranger. Cet auteur a recueilli à ce sujet une fable,
que les compilateurs de l’antiquité ont répétée.et enjolivée de telle sorte, qu’ils
ont fini par prétendre que les Pinnothères, qu’ils dépeignent tantôt comme ayant
une longue queue, tantôt comme en ayant-une courte, étaient les gardiens des
conchifères chez lesquels on les trouvait, qu’ils veillaient avec le plus grand
soin à la conservation de leur hôte et qu’ils l’avertiraient de l ’approche du
danger en poussant un cri. Nous pensons Comme Cuvier2, que le cri d’un
Crabe devrait être une ch osé fort curieuse, et nous voudrions bien savoir comment
les anciens naturalistes avaient pu s’y prendre pour l’entendre dans l’eau.
Laissant de côté les fables absurdes qui ont été débitées sur ces petits animaux,
nous pensons que les anciens,Ætt-,surtout Aristote, avaient connu les deux Crabes
qui se trouvent-habituellement dans les coquilles , lesquels doivent vivre aux
. dépens de-l'eur hôte, et nous partageons entièrement l ’opinion de Latreille 3, q u i
croit que le philosophe grec avait raison de :dire que le Pinnothère était un
petit Crabe ou une petite Squille, puisqu’il avait rencontré de ces deux sortes de
crustacés dans les Pinnes marines. Cuvier a pensé que la manière dont Aristote
s’exprime à ce sujet, en disant que c’est un petit Crabe ou une petite Squille,
pouvait faire croire que cet auteur n’avait paSÎvu ces animaux; mais il ne faut
pas, igpmme le fait l’illustre zoologiste, de. notre époque, voir dans l ’expression
d’Aristote un doute et une incertitude; sa manière de s’exprimer prouve qu’il avait
connu bien avant nous la Pontonie, qui est un Crabe à queue longue, et notre
Pinnothère, qui est un autre Crabe à courte queue. A l’époque où Cüvier a fait sa
Dissertation critique sur les espèces d’écrevisses connues des anciens, on n’avait
pas encore prouvé l’existence d’un crustacé macrourè dans la Pinne marine, et
l ’on ne connaissait d’une manière certaine que le petit Brachyure, auquel les
auteurs modernes ont donné le nom de Pinnothère.
1. Loc. c it., p. m
2 . Diss. crit. sur les écrevisses connues des anciens, Mém. du Mus.
. 3. Encycl. mélli.,vart. Pinnothère.
DÉCAPODES. 3 S
Nous ne ¡partageons pas non plus l’opinion de notre célèbre maître M. Çuvier,
quand il prétend que toutes les espèces d’écrevisses peuvent se rencontrer entre
les écailles des bivalves, lorsqu’elles sont assez petites ouassez imprudentes poui^
s’y laisser prendre1. Quoiqu’il ait trouvé souvent dans les Moules le Crabe com-*
mun et l’Étrille, et dans les Coeurs le "Cancer strigosus, nous crpyons bien,
comme lui, que ces espèces ont pu s’y trouver saisies par accident; mais nous
sommes persuadé qu’il n’en est pas de même dès Pontonies et des Pinnothères,
qui sont organisés d’une manière si fragile et dont le test est si mince qu’il leur
fallait un abri pour ne pas être détruits par le mouvement des flois de la mer
ou dévorés par leurs ennemis. La nature leur a donc appris à chercher un refuge
dans certaines coquilles bivalves, aux dépens desquelles ils doivent vivre et sans
lesquelles ils n’existeraient pas ^ puisqu’on n’a jamais trouvé les Pinnothères et
les Pontonies que dans des Moulés et des Pinnes marines.
Forskaël2 paraît être le premier auteur moderne qui ait eu connaissance de
Salicoques habitant dans la Pinne marine ; il décrit sous le nom de Cancer
Pinnothères le Pinnothère des anciens (P. veterum), et sous le nom de Cancer
Custos la Pontonie dont il est question, et à laquelle nous conserverons le nom
dè Custos, COmmé ayant l’antériorité. Petagna3 a décrit la même espèce sous le
nom d'Astacus thyrrhenus, sans reconnaître son identité avec l ’espècede Forskaël.
Il en est de même de Risso, qui nous a fait Cpnnaître, en 18 16, son Alpheus
thyrrhenus et noui* apprend4 qu’il ne quitte pas les profondeurs des lieux abrités
de courans et que, soit qu’il veuille fuir le danger auquel sa faiblesse l’expose,
soit qu’il veuille se procurer.une nourriture plus facile, il s’introduit dans les
valves de là Pinne marine. D’après ce passage Risso semblait penser que son Alphée
thyrrhène n’habite pas toujours dans la Pinne marine; mais il ne s’explique pas
d’une manière positive à ce sujet, et nous devons croire qu’il n’en a trouve que
dans cette coquille, quoiqu’il dise ailleurs5 que quelques pêcheurs lui ont assuré
que la femelle se retire dans le sable argileux, où elle se creuse un petit trou.
Les individus rapportés de Morée et ceux que le naturaliste Otto a observés à
Nâples, avaient été trouvés exclusivement dans les Pinnes marines.
M. Bory de Saint-Vincent et les naturalistes qui l’aCeompagnaient ont observé
dans toutes celles de ces coquilles qu’ils ont pu se procurer des individus de
l ’espèce dont nous allons donner la description et qui est figurée dans la planche
1 . Loc. c it ., p. i g.
2. Desc. anim. quoe in itinere- orientait observavit ; 1775 , in-4.°,P* 88 et g4-
3. Elémens d’entom., 2 vol. in-8.°
4* Crnst. de N ic e , p. go.
5. Ilist.n at. de l’Europe mérid. ; 1826, t. 5 , p. 54*