' Y.e GLAS SE. .
ANNELIDES.
Par M. A. BRULLÉ.
Lors de la répartition des travaux, au retour de la Commission scientifique,
l’histoire des Ânnelides de More.e nous fut assignée ; mais comme nous n’avions pas
été chargé, pendant le voyage, de recueillir les animaux qui composent cette classe,
et que la poursuite des Insectes exigeait notre présence beaucoup plus fréquemment
dans l ’intérieur du pays que sur les côtes, nous ne pourrons pas en présenter un
catalogue systématique, ainsi que nous l’avons fait pour les autres Articulés. La personne
que ses fonctions dans la Commission appelaient naturellement à explorer
les rivages où l ’avait attaché le directeur, n’ayant rien remis en ce genre, nous nous
trouvons réduit à présenter la description de deux espèces seulement, que M. le
colonel Bory de Saint-Vincent lui-même recueillit dans le golfe Sarronique et dont
i l a déposé des individus conservés dans la liqueur. Nous en mentionnerons cependant
deux autres : la première est un Lombric commun, vulgairement Ver de terre,
que M. Savigny a placé dans son genre Enterion et que nous avons eu occasion
d’apercevoir en quelques parties du Péloponèse ; la seconde, une espèce de
Sangsue ou plutôt une Hirudinée, dont nous n’pserions préciser le genre et qui
vit dans les eaux douces ; nous l ’avons rencontrée assez souvent, notamment dans
une fontaine du territoire de Monembasie; nous n’en pouvons donner ici la description,
le bocal qui en contenait plusieurs individus n’ayant plus été retrouvé
dans nos collections lors de notre retour. Nous parlons seulement de ces animaux
pour attirer l ’attention des naturalistes qui auraient l’occasion de visiter la Grèce
le dernier surtout nous ayant paru fort différent des Sangsues qui vivent dans
notre pays.
Des deux Annelides marines que nous allons faire connaître, l’une fait partie de
la famille des Amphinomées et l’autre de celle des Seroulées,
f a m i l l e d e s a m p h i n o m é e s .
On sera surpris, sans doute, de voir qu’une espèce de cette famille vive dans
la Méditerranée, tandis que jusqu’ici toutes celles que l’on connaissait se trouvaient
dans des mers étrangères à l’Europe, et que, selon l’opinion de M. de Blain-
ville et de M. Leach lui-même, XAmphinome vagans, qui seule a été prise sur les
côtes d’Angleterre, s’y trouvait sans doute amenée avec quelques Fucus. La nôtre,
qui est une des plus grandes, se rapporte au genre Pleione, formé dans le grand
ouvrage d'Égypïe, par M. Savigny, sur les espèces qui ont cinq tentacules (qu’il
nomme antennes) et des branchies en forme dehouppe. M. .de Blainville n’adopte
pas ce genre, qu’il trouve établi sur des caractères trop peu importans. Quoi qu’il
en soit, avant de donner la description de notre Annelide de la Méditerranée, nous
allons présenter quelques détails sur les différences que nous avons cru apercevoir
dans ses caractères, comparés à ceux que présente ce savant dans le tome 5n du
Dictionnaire des sciences naturelles.
i.° Les yeux nous ont échappé malgré nos recherches, à cause de leur petitesse,
et, sans doute, du peu d’individus que nous avons vus, n’en ayant eu qu’un
seul à notre disposition. 2 ° Le tentacule intermédiaire pu impair, du double
plus long que les latéraux, nous a paru divisé en plusieurs articulations, mais
nous n’y avons remarqué aucune trace de dentelures. 3.° Le faisceau de soies nous
a semblé partagé en deux rames dans toute la longueur du corps, aussi bien aux
premiers anneaux qu,’à tous les suivans; le faisceau de la rame dorsale paraissait
être unique, et non pas divisé en deux parties j le cirrhe qui en part est bien situé
à son bord inférieur, mais toujours enveloppé par les soies. La rame ventrale est
composée de soies à peu près aussi longues que celles de la rame dorsale.
A la partie antérieure du corps, au-dessus de l ’ouverture de la bouche, il existe
un petit corps ou mamelon ovale, divisé en deux parties par une fente longitudinale,
dont nous ne voyons pas qu’ôn ait généralement fait mention. Il est
représenté grossi dans notre planche LUI. M. Cuvier, dans le tome 2 du Dictionnaire
des sciences natur., à l’article de l ’Amphinome caronculée, le désigne en
ces termes : « en avant de la crête sont quatre petits tentacules, puis un sillon,
« borde' de deux lèvres charnues, qui descend jusqu’à la bouche.® M. Savigny, dans
son Système des Annelides, qui fait partie de l’ouvrage d’Égypte, exprime cette
organisation, à la page.60, en disant que la tête est bifide en dessous. Il paraît,
d’après ce dernier auteur, que cette partie existe dans toutes les espèces, puisqu’il
en parle aux caractères génériques; il est étonnant que l ’on n’en ait pas fait mention
dans les autres ouvrages.
C’est de l’Amphinome caronculée que notre espèce se rapproche le plus, surtout
pour la forme de la crête qui se trouve sur la tête ; la peau est également mince
et velue, et le corps de forme tétraèdre. Mais le nombre de ses anneaux est beaucoup
plus considérable avec une longueur moindre. Les branchies nous ont paru
divisées non en deux troncs principaux, mais bien en trois, comme on peut
le voir sur notre planche L ü l déjà citée : ces troncs réunis forment une petite
houppe, placée a la partie dorsale postérieure du mamelon qui porte le faisceau
4 en haut ou "la rame dorsale. Nous avons vu ces branchies à tous les pieds sans