colorée des teintes du rose au pourpre luisant tant qu’elle est sous l’eau, et d’un
aspect mat quand on l’en retire. C’est celle qui sur les récifs et contre les parois
sonores des grottes de Sapience, des caps Malée, Ténare et d’Éole, dans l’île de
Tino, produit l’effet qu’on a comparé poétiquement à des pierres précieuses parant
les humides palais des Néréides. Aux endroits où leur support est inégal, anfrac-
tueux, tuberculeux, lobé ou mamelonné, les Nullipores, en couvrant chaque aspérité,
prennent les formes qu’on leur voit dans Ellis, pl. 27, n.° 2.; dans Solander,
tab. 2 3 , fig. 2, et dans Esper, 12. Nous en distinguons fort bien le Nullipora calcarea
d’Ellis et Solander, pl. 3 , fig. i 3 ; le globosa d’Esper, tab. 13 , et le rubeseensi
tab. 16 , du même auteur, qui ont été confondus avec plusieurs autres sous le nom
de MiUepora polymorpha par Gmelin dans sa i 3 * édition du Systema natures,
p. 5789. A côté de ces espèces diverses, qui sont de toutes les mers, nous en citerons
deux autres qui nous paraissent être nouvelles et que jusqu’ici nous possédons de
Morée seulement.
1 . N u l l i p o r e T r o c h a n t e r , Nullipora ( Trochanler ) globoso-polymorpha,
ramis approximaio-confertis breviusculis fissofurealis, e.vtremitalibus incrassato-
subcapilatis, Bory, pl. LIV, fig. 2 , a. b. — Cette espèce, dont la figure«, de grandeur
naturelle, donne une idée juste, a été recueillie parmi les brisans à Sapience et sur
les cotes de Métana ; sa couleur tirait au bleuâtre violacé fort pâle. L’extrémité de
ses rameaux, grossie en b, rappelle plus ou moins la figure de l’extrémité supérieure
dun fémur humain. Elle est aussi commune en d’autres lieux, où on la pourrait
confondre avec le Mïllepora polymorpha v globosa d’Esper, mais s’en distingue
bien par son volume, qui est moindre, et ses teintes qui ne tirent point au vert jaunâtre;
ses rameaux ne sont d’ailleurs jamais mamelonnés ou composés, ni aussi longs.
2. N u l l i p o r e a r t i c u l é , Nullipora {^articulata'y cespitoso-ramosa; ramis elon-
gatis gracilibus subattenüatis cylindraceis, crustâ calcarea irregulariter articulaiâ
Bory, pL LIV, fig. 1, a. b. — Ce Nullipore a quelque chose dans son air qui rappelle
11sis elongala d Esper, tab. 6. Mais ce n’est point une Gorgone dont la surface cal-
eaire soit striée le moins du monde. On reconnaît bien ici une croûte en tout
pareille à celle des espèces dont les expansions sont les plus simples. On dirait que
dans ce cas la croûte s’est emparée de quelque frêle Hydrophyte pour s’en faire
une sorte d’axe; aussi les rameaux demeurent-ils vides; des articulations, visibles
seulement a la loupe, s’y font remarquer de distance en distance et servent à donner
de la flexibilité aux ramules eparses et même à tout le Nullipore, qui serait autrement
trop cassant. Sa couleur tire sur le violâtre vers la base, et se fond pour passer au
blanc vers les extrémités. Cette espèce était extrêmement commune à Sapience.
Un autre Polypier nous a encore paru mériter qu’on le figurât. Il n’est pas nouveau,
quelques auteurs l ’ayant déjà_mentionné; mais ce qu’ils en ont dit et représenté
est insuffisant. On en doit former un genre dont les caractères seront : croûte lamellaire
très-mince et fragile, plicatile, ayant sa surface parsemée de tubercules épars,
imperforés, presque microscopiques, et émettant de toute sa surface une mucosité
translucide fort abondante. Nous proposons de le'nommer T e n a r e a , parce que c’est
au cap Ténare même que nous avons trouvé le Polypier par la description duquel
nous terminerons le peu que nous avions à dire de ceux des Zoophytes de la Morée.
T e n a r é e o n d u l e u s e , Tenarea (undulosa), albo-lutescens, lamellosa; lamellis
undulato-torluosis anaslomosantibus complicalissimis Bory, pl. L IX , fig. 3 .— Mille-
pora globosa, lamellis ienuissimis, ascendentibus, varie tortuosis, dense invicem
coalitis, etc. Esper, 1 1 9 , tab. 22. Millepora decussata? Syst. nat. XIII, 3789. —
Soland. 47, tab. 2 3 , fig. 9. — Esper, tab. 25 (par double emploi). — A n Millepora
agariciforrnis? Lamk., Anim. sans vert. t. II, p. 204. — La moins mauvaise
des figures qu’on avait de cette belle espèce n’en donnait point une idée; elle est la
première de celles d’Esper que nous avons citées. Ce n’était qu’artificiellement qu elle
put être confondue dans un même genre avec les précédentes, dont elle n’a ni
l’aspect, ni la consistance, ni le port, ni l’habitat; elle forme d’abord au pourtour
des petites saillies des roches toujours couvertes d’eau, mais près de la surface où
la lame brise souvent avec fracas, des masses sphéroïdes qui s’étendent en pul-
vinules jusque près d’un pied de diamètre, bosselées, n’adhérant souvent plus en
dessous aux pointes de roches qui l’avaient supportée dans la jeunesse, à surface
inégale, mais d’un aspect fort élégant; ces masses, d’un à deux pouces d’épaisseur,
sont fragiles et se cassent avec un petit craquement sous la main qui les presse ou
le pied qui les foule; leur couleur est d’un beau jaune serin, quand le Nullipore
est en vie et qu’il est tout enduit'd’une mucosité semblable à du blanc d’oeuf,
quand on le sort de l’eau; les masses légères que forment les Ténarées deviennent
blanchâtres en séchant, et se brisent alors avec beaucoup de facilité. Des lames
minces de substance calcaire les composent et s’y contournent en s’anastomosant
et se frisant pour ainsi dire à l’infini. Vues à une forte loupe, ces lames sont
munies d’un léger rebord, qui les consolide un peu; quelques veines anastomosées
et des verrues, semblables à celles des Mélobésies, s’y voient éparses. On a choisi
en b l’un des morceaux qui en était le plus couvert, pour en donner une idée par un
grossissement ordinaire, et pour montrer qu’il ne s’y trouve aucun pore. Les cellules
résultant de l’entrecroisement des lames sont plus lâches et plus grandes à la partie
inférieure des expansions, représentée en c et d; c’est alors le decussata des auteurs.
Nous ne répéterons point ici l’histoire de ces filles de l’Archipel que dans une
multitude de livres, qui se copient à peu près textuellement les uns les autres depuis
des siècles, on dit gagner leur dot en plongeant pour chercher des Éponges.
Nous ne les avons point rencontrées, mais nous avons trouvé.plusieurs espèces du