D IC T Y O P T È R E S .
Observations sur cet ordre d’insectes et sur celui des Névroptëres, aux
dépens duquel il est formé; lues à la Société entomologique de France,
dans la séance du i 3 Juin i 83a.
L’ordre des Névroptères, t e l ju ’il fut adopté jusqu’à ce jour, se composait
d’une suite de familles qui n’avaient pu être groupées dans une même coupe que
par la’ réunion d’un grand nombre de caractères, dont aucun n’était commun à
toutes, si ce n’est celui d’avoiivquatre ailes nues, réticulées; il n’est pas besoin de
faire sentir combien un. tel caractère a peu de valeur, puisque plusieurs autres
ordres d’insectes se trouvent dans le même cas, c ’est-à-dire qu’il s’y voit également
quatre ailes nues, parcourues par des nervures; nous citerons pour exemple
des Orthoptères, dont les ailes ressemblent quelquefois à celles d§s Névroptères.
Si l’on, examine les diverses familles de ce dernier ordre, et si l ’on prend
en/considération les différences frappantes qu’elles présentent, principalement sous
le rapport des métamorphoses, on sera difficilement de l’avis de notre plus célèbre
entomologiste, qui s’exprime ainsi dans un de ses ouvrages : « Ces remarques sur
« la transformation des Névroptères consolident l’établissement et la suite des
« familles qui remplissent cet ordre. » (Latreille, Cons. sur l ’ordre naturel des
Crustacés, etc., p. 73.) Malgré l’autorité d’un si grand maître, et tout le respect
que l’on doit avoir pour ses opinigps, on ne peut s’empêcher de regarder l’ordre
des Névroptères, tel qu’il l ’adopfâ, comme un des moins naturels; c’est ce que
nous espérons prouver par l ’examen des différentes familles qu’on y avait si
confusément entassées.
Linné fjtt le fondateur de cet ordre; il le forma pour y placer fies insectes
à quatre ailes nues, qui ne pouvaient pas ¿e rapporter à celui des Hyménoptères.
Geoffroy n’adopta pas cette classification, mais il réunit les deux ordres
sous la dénomination de Téiraplères à ailes nues. Fabricius, prenant pour
point de départ les organes de la manducation, n’a’ pas été amené à conserver
les Névroptères tels que Linné les avait constitués. H forma ses Odonates avec les
seules Libellulines, et répartit tout le reste dans ses Synistates, ordre qui répond
aux Névroptères, si l’on en retranqhe lés Lépismes et les Podures, qui n’y ont
aucun rapport. On ne'peut qu’approuver cette séparation des Libellulines, que
Fabricius sut distinguer des familles voisines, et il y aurait joint, comme a fait
M. Latreille, celle des Éphémérines, si les organes de la boucbe ne se trouvaient
pas aussi réduits qu’ils le sont dans plusieurs des espèces qui la composent.
M. Latreille a envisagé les choses autrement que Fabricius et Geoffroy : retenant
aux idées de Linné, il rétablit l ’ordre des Névroptères, dont les caractères absolus
consistent pour lui dans les quatre ailes nues et le plus - souvent égales
entre elles.
Considérés d’une manière générale, les Névroptères se partagent aisément en
deux grandes divisions, fondées sur un caractère qui n’est pas sans importance,
celui des métamorphoses. Ce caractère, jusqu’ici trop négligé, peut servir à disposer
cet ordre d’une manière très-naturelle; faute d’en avoir fait usage, on a
placé dans la même famille des genres dont les transformations sont très-différentes.
C’est ainsi que les Mantispes, les Raphidies, les Termès et les Psoques,
qui sont tous des insectes à métamorphoses incomplètes, sont placés parmi les-
Planipennes, à la suite des Fourmilions, dont les métamorphoses sont complètes.
On n’a donc pas à s’étonner si les caractères a s s ig n é s c e t te famille n’ont rien
que de vague; plusieurs des genres qui la composent étant rapprochés contre
nature et nonobstant leur manière d’être dans leurs différens états.
Parmi les Névroptères dont les métamorphoses sont incomplètes, on trouve
d’abord la famille des Subuiicornes de M. Latreille. Le rapprochement des genres
Libellule et Éphémère, déjà indiqué par Réaumur à la suite de ses belles observations
sur ces insectes, est entièrement confirmé par laYessemblance des moeurs
et des habitudes : sous les deux premiers états ces animaux sont aquatiques et
voraces; la nymphe ne diffère de la larve que par là présence des fourreaux
qui renferment les ailes; à l’état parfait les Ephémères présentent de plus que
les Libellules, une particularité qui consistèdans un changement de peau après
avoir quitté la dépouille de nymphe. Ces deux genres d’insectes se séparent,
par leurs transformations] de tout le reste des Névroptères, et se rapprochent
des Orthoptères, dont les métamorphoses sont plus simples encore. M. Robineau
Desvoidy rapporte les Libellules à ce dernier ordre, dans ses Considérations
sur l’organisation vertébrale des Crustacés, des Arachnides et des Insectes; mais
il laisse les Éphémères parmi les Névroptères, bien qu’elles ne puissent y rester.
De Géer avait formé de ce dernier genre, en y joignant lés Phryganes, un ordre
particulier, sur la seulè1’ considération des mandibules extrêmement petites et
quelquefois nulles, et du changement de peau que l’insecte exécute après sa
transformation à l’état parfait. Mais ni l’un ni l’autre de ces caractères, le premier
moins encore que le Second, ne paraît suffisant pour éloigner des Libellulines
,un genre avec lequel elles ont beaucoup de rapport. Ces deux genres doivent,
selon nous, constituer un ordre particulier voisin des Orthoptères, mais qui en
diffère, parce que dans ceux-ci l’insecte a la même forme sous les trois états; dans