espèces fluviátiles sont représentées par une seule espèce, le Telphuse,
Cancer Miwiatilis des auteurs , fort abondante dans un grand nombre
de ruisseaux, dont elle s’écarte assez souvent pour se répandre dans la
verdure d’alentour. Plusieurs Gymotoadées y vivent dans la mer aux
dépens des poissons, mais la plupart sont déjà décrits par les auteurs
qui se sont occupés des animaux de la Méditerranée, dont les productions
semblent se répartir assez uniformément sur les différens points
de ses bords. C’est ainsi que l’on retrouve en Morée, çkmême beaucoup
plus loin, vers Constantinople, notre Homard, Astacus marinus, Fab.,
la Langouste , Palinurus quadricornis , les Squilles et le Scyllare
oriental de Risso.
Si maintenant nous reportons nos regards vers les animaux terrestres ,
nous trouverons dans les Arachnides une classe plus riche que celle qui
vient de passer^sous nos yeux. Quelques-unes des espèces qui la composent,
sont propres à l’Italie, d’autres appartiennent également à
l’Egypte. Les rochers dans les lieux élevés donnent abri à plusieurs
Aranéides connues en d’autres contrées, telles que la Ségestrie de Florence,
belle espèce mentionnée par Rossi dans sa Faune d’Etrurie, le
Clotho de Durand, etc. Les angles des murs et des croisées‘des habitations
sont occupés par notre araignée domestique, que l’on sait être
répandue dans presque toute l’Europe. Les genres Episine, Epéire,
Micromate, Sélénope et quelques autres fournissent des espèces également
connues. Mais les Aranéides les plus remarquables existent parmi
les espèces vagabondes, qu’on a surnommées Araignées-Loups, à cause
de leurs habitudes gloutonnes, ou-plutôt parce qu’elles courent à la
recherche de leur proie; car les espèces qui attendent patiemment dans
leur toile qu’un malheûreux insecte vienne s’y prendre, ne sont pas
pour cela moins-voraces, mais elles supportent mieux la faim. On peut
citer dans cette famille,d’Araignées coureuses une belle Erèse nouvelle,
commune au printemps principalement dans les plaines basses de la
Messénie. Cette Aranéide fut une des premières que nous rencontrâmes
en parcourant, à la renaissance des fleurs, les vallées du Péloponèse.
Son abdomen nouge de .feu, orné de taches- noires, se distingue r e
très-loin du reste du corps, qui est en entier dé la teinte des tache^
Le genre dont cette espèce fait partie, paraît se plaire dans les contrées
méridionales; car, si l’on en excepte l’Érèse élégante, qUi se trouve aux
environs de notre capitale, toutes les autres Erèses vivent en Italie, en
Grèce et en Égypte^Rossi nous a fait connaître l’Érèse à quatre taches,
propre à la Toscane, et Petagna, dans son Catalogue des insectes de la
Calabre ultérieure, décrit une Araignée noire qui rentre dans le même
genre. La Morée en fournit trois ou quatre espèces à notre connaissance ,
et M. Savignyi en a fait figurer plusieurs dans l’ouvrage d’Egypte dont
quelques-unes sont assez voisines de celles de la Morée. A l’exception de
notre Erèse rouge à taches noires, celles du Péloponèse ne se font pas
remarquer parleurs couleurs; mais une d’entre elles acquiert une taille
considérable, et devient à peu près de la.grosseur de la Tarentule.
On ne peut citer ce nom de Tarentule sans faire mention de l’espèce
de ce genre qui parcourt les campagnes de la Morée. Qu’on ne; s’attende
pas à voir les habitans de cette presqu’île , cependant si enclins à
recevoir toutes les erreurs populaires, remplis de terreur à l’aspect de
cet animal. Les paysans grecs, qui sont ceux de l’univers qui craignent
le plus les animaux réputés nuisibles, croient pourtant à d’autres contes
fort extraordinaires; nous en avons la preuve par leurs préjugés ridicules
sur les reptiles les plus inoffensifs (voy. Relation, p. 86), et cependant
la Tarentule ne leur inspire pas de crainte : la plupart ne la connaissent
même pas. Identiquement la même que celle que M. Walkenaër a nommée
narb onnais e, la Tarentule de Morée se creuse des trous, à l’entrée desquels
die attend, blottie et immobile, le passage de la victime qu’un destin
fatal doit amener à sa portée. Aperçoit-elle un insecte, elle se jette dessus
avec une grande agilité, et le rapporte en sa demeure avec non moins
de vitesse. D’autres fois on la rencontre errant parmi les plantes basses,
où elle prend à la course les insectes dont elle fait sa proie. Rien n’égale
la vivacité de cet animal : on croit le saisir, et à(.l?lnstant il échappe par
un ou plusieurs sauts presque électriques, après lesquels il reprend sa
marche ordinaire, pour recommencer cette ihanoeuvre, si l’on cherche encore
à le prendre. Ses couleurs, agréablement variées de noir et de rouge
vif , le font aisément apercevoir. C’est l’espèce la plus.remarquable du
genre Lycose; les autres sont petites et n’ont rien qui attire l’attention.
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