M. Cuvier sont d’autant plus intéressantes', qu’elles ont été faites comparativement
sur des individus vivàüt à la fois à la Ménagerie du Muséum d’histoire naturelle,
et que de belles planches, dues au pinceau de M. Werner, viennent compléter les
détails donnés dans le texte.1
Depuis, dans son Supplément à Buffon3, M. Frédéric Cuvier a repris ses travaux
pour en préciser dayantage les résultats, et a ajouté, principalement d’après les
observations de Guldenstædt, de Pallas et de M. Tilésius3, l ’indication d’un troisième
Chacal, le Chacal du Caucase ; enfin un quatrième, appartenant à la Nubie, se
trouve figuré et décnt dans le bel Atlas zoologique de Rüppel 4 sous le nom de
Canis variegatus ; et un;,cinquième, assez différent de tous les autres, et encore
inédit, le Chacal d’Alger, est en ce moment sous nos yeux, avec des représentans
de presque toutes les autres variétés, Ces matériaux, les descriptions et les figures
de M. Frédéric Cuvier et des zoologistes étrangers que nous venons de citer, vont
nous permettre d’établir une comparaison exacte entre le Chacal de Morée et toutes
les autres espèces ou variétés. Les caractères des uns et des autres nous paraissent
pouvoir être résumés dans les phrases suivantes ;
A. Chacal de l’ Inde.
Parties supérieures et latérales du corps d’un* gris jaunâtre, répandu régulièrement
et tirant sur le noirâtre dans quelques parties, principalement sur le milieu
de la croupe. Queue noirâtre ou même tout-à-fait noire à son extrémité. Partie
la plusàÿférieure des flancs, ventre, face externe des membres dans leurs deux
tiers inférieurs, et presque tout le d.essusdela tête et du cou, fauves ; face convexe
des oreilles, rousse; dessous de la tète et du cou, région inguinale, face interne
des membres antérieurs, des tarses, des métatarses et de la partie inférieure des
jambes, bord des lèvres supérieures et face concave des oreilles , de couleur blanche;
enfin, une tache longitudinale noirâtre à la face antérieure des membres de devant,
vers l’articulation radio-carpienne et un peu au-dessus,
i . Voyez Y Histoire naturelle des Mammifères, livraison II pour le Chacal de l’Inde, livraison
x v n pour le Chacal du Sénégal et livraison XXXV pour de jeunes Mulets nés du croisement
des deux espèces ou variétés. L a figure du Chacal de l’Inde laisse toutefois un peu à désirer; mais
celle du Chacal du Sénégal exprime parfaitement tous les caractères et la physionomie de, l’animal
représenté.
a. Supplément à F Histoire naturelle de Buffon,. i 85i . C’est dans ce dernier ouvrage que nous
avons trouvé l’exposition la plus complète des;résultats auxquels est arrivé M. F . Cuvier, et c’est
principalement à lui que nous renverrons le lecteur.
3. Voyez lés Acta nat. cur., tom. X I , pag. 38g , pl, XLVUI.
L. Allas zu dér Reise im nÿrdlichen Afrijta, 1828.
B. Chacal du Caucase.
Parties supérieures du corps d’un fauve doré, mais variées de noir ou de noirâtre
sur le dos. Le reste dü pelage peu différent de celui du Chacal de l’Inde.1
Cette variété diffère donc principalement de la précédente en ce que, les poils
gris et noirs de la région dorsale étant moins abondans, le pelage tire davantage
sur le fauve. C’est donc principalement à elle que conviendrait le nom de Canis
aureus.
Tous les auteurs s’accordent du reste à attribuer au Chacal du Caucase les mêmes
moeurs qu’à toutes les autres variétés.
Ç. Chacal de Nubie. "
Oreilles sensiblement plus longues que chez les autres Chacals. Parties supérieures
du corps d’un roux varié demoir; de grands poils très-noirs au bout existent parmi
les autres. Le reste du pelage peu différent de celui des variétés précédentes.
Ce Chacal, dont Rüppel a fait son Canis variegatus, différerait principalement,
outre la plus grande longueur de ses oreilles2, en ce que le noir est sur le corps à
peu près disposé par petites tachés. La figure jointe à la description de M. Rüppel,
exprime bien ce caractère, qui se retrouve, au reste, dans l’une des variétés suivantes,
le Chacal du Sénégal3, et qui, par conséquent, est loin de suffire à l ’établissement
d’une espèce distincte,
x. Nous nous bornons, à l’égard du Chacal.du Caucase, à cette courte description , ne pouvant
la faire d’après nos propres observations, et n’ayant, par conséquent, a donner sur lui aucun
renseignement que tous les zoologistes ne puissent se procurer comme nous, en consultant les
auteurs cités plus haut.
2. Nous avons* fait remarquer ailleurs que l’alongenrent des oreilles est un caractère commun à
un grand nombre de Mammifères africains, principalement parmi ceux qui habitent le désert ou
ses lisières. L’homme lui-même éprouve, sous l’influence des mêmes circonstances d’habitation,
une semblahle modification : l’Arabe du désert, d’après des renseignemens qu’a bien voulu nous
communiquer un de nos plus honorables consuls généraux en Afrique, ayant aussi les conques
auriculaires plus développées que l’Arabe des villes.
La comparaison d’un grand nombre d’espèces nous avait conduit dès long-temps à signaler, dans
le développement des oreilles chez les animaux habitans du désert, un fait ggnéral, qui / confirmé
une première fois par des observations communiquées à l ’égard de l’homme, reçoit une, nouvelle
confirmation par la comparaison très-attentive que nous avons faite du Canis variegatus , ou Chacal
de Nubie, avec les Chacals de Morée, de.l’In d e, d’Egypte, du Sénégal, d’Alger, etc.
3. Voici la phrase spécifique donnée par Rüppel : Canis corpore ochraceo, pilis villosis perlongis
ad apicem nigerrimis variegato; auriculis ereclis, unicoloribus, ochraceis; cauda breviori; unguïbus
crassis, obtusis. Je n’ai pas besoin de faire remarquer que cette phrase est loin de renfermer la
caractéristique exacte et précise d’une espèce, plusieurs des caractères qu’elle indique étant même
communs à tout le genre.
On trouve figurées et décrites dans le même ouvrage quelques autres espèces de Chien, et