INTRODUCTION.
D e p u i s que l’histoire naturelle, enrichie par les découvertes innombrables
d’une multitude de voyageurs, embrasse à la fois dans son
immense étendue les êtres de toutes les contrées du globe, les naturalistes,
accoutumés depuis long-temps à la vue des animaux, et des
plantes de leur pays, ont fait des espèces des régions éloignées les sujets
habituels de leurs études les plus approfondies, et l’on peut dire même
les objets constans de leur prédilection scientifique. La Nouvelle-Hollande
et Madagascar, ces deux contrées ou la nature est belle et variée
comme dans nos climats, mais si différente qu’on la croirait animée
par un autre soleil ; l’Amérique du sud, que l’on peut vraiment appeler
un monde nouveau; l’Afrique, cette vaste patrie des monstres, ainsi
que la nommaient les anciens; enfin l’Inde, région inépuisable pour le
naturaliste, où les créations de toutes les autres parties du globe semblent
représentées par quelques êtres dispersés et comme perdus au
milieu d’une création toute spéciale ; telles sont les contrées dont les
richesses naturelles, explorées déjà depuis nombre d’années, sont et
sans doute seront long-temps encore les buts principaux des efforts et
des recherches des voyageurs.
La connaissance des êtres animés, ou, pour me renfermer dans les
limites du sujet plus spécial de mes recherches, la connaissance des
animaux de ces contrées est en effet féconde en résultats curieux, singuliers,
inattendus. Le zoologiste se complaît dans l’étude de ces êtres,
ou chaque organe, chaque fonction, chaque habitude est un contraste
avec les organes, les fonctions, les habitudes des êtres de notre Eùrope.
Les progrès de son observation le conduisent à chaque pas sur un
terrain neuf, et, déroulant devant lui une multitude de faits inconnus,
le font jouir du plaisir, si doux pour l’homme instruit, de découvrir