autrement la fuite est sa première ressource. On peut faire pour elle
la même remarque que pour les Scorpions, c’est quelle habite toujours
les lieux peu élevés au-dessus du ».niveau de la mer. Des espèces de la
même famille, fort remarquables par leur extrême longueur, vivent
également sous les pierres dans les mêmes locabtés, mais à des profondeurs
plus grandes; leurs habitudes aussi sont différentes. Pendant
les grandes chaleurs les ^Scolopendres se montrent courant çà et là,
tandis que les autres, plus sédentaires, ne paraissent pas1 quitter leur
retraite durant le jour. Ces espèces, si alongées, ont été détachées du
genre Scolopendre par le docteur Leach, qui en a fait des Crjtops.
Elles sont beaucoup moins communes que les Scolopendres.
C’est eh général dans les plaines et dans les endroits peu élevés que
vivent tous les Articulés terrestres dont il vient d’être parlé; mais
les différences de localités et de moeurs sont bien plus variées dans la
classe si nombreuse des insectes proprement dits.
Si l’on en excepte quelques plages, les côtes de la Morée sont, comme
on a pu le voir dans la Relation du voyage ainsi que dans les chapitres
de géographie et de géologie, formées de rochers calcaires, quelquefois
à pic et quelquefois abaissées en pente douce; mais dans tous les cas
d’une monotonie désespérante. Dans les parties de ces côtes qui s’inclinent
vers la mer, on ne trouve presque uniquement que des Orthoptères
coureurs depuis le mois de Juin jusqu’à celui d’Octobre. On peut
en dire autant de la province presque entière de RArgolide, dont les
montagnes, toutes nues et brûlées du soleil, sont séparées entre elles
par des plaines incultes, couvertes de nombreuses Carduacées. Ces plantes
conviennent au plus grand nombre des Orthoptères sauteurs, qui s’y
multiplient d’une manière surprenante. Quelques Charansons seulement
en partagent avec eux la possession ; mais les autres insectes cherchent
des lieux moins secs.
Les plages de sable qui font parfois diversion à l’uniformité des côtes,
sont le séjour des Scarites partout où les baigne la mer aux temps
orageux. Ces animaux semblent préférer celles qui sont basses et s’y
creusent des trous, dont on peut difficilement trouver le fond à ca'ùse
de la mobilité du terrain. Toutes cependant ne présentent pas de ces v
trous de Scarites ; mais lorsqu’un où deux de ceux-ci se présentent, on
est sûr d’en voir un plus grand nombre. Néanmoins, comme les insectes
qui les creusent semblent fuir la lumière, il n’est pas toujours aise den
prendre pendant le jour. On en voit cependant quelques-uns courir, à
l’heure de midi et par un beau soleil, d’un trou vers un autre. Une de
ces plages à Scarites est située tout près de Modon et à l’est de cette ville.
Dans ces mêmes localités qu’habitent les /Scarites, vole en grand
nombre une %spèce de Cicindèle des parties méridionales de la France,
le Cicindéla littoralis, Fab. Elle préfère toutefois a ces terrains
salés ceux qui, toujours voisins de la mer, sont sujets à être inondés
par les eaux pluviales. Il existe auprès des ruines du vieux Navarin,
dans l’emplacement de l’antique Pylos, un grand marais ( le lac ou
étang d’Osman-Aga), dont les bords, séparés des deux baies par des
sables mobiles, sont fréquentés par une quantité innombrable dindividus
defeCette Cicindèle. A défaut de plages sablonneuses, ceïfe espèce
se contente des rochers les plus secs, et nous l’avons retrouvée sur la
côte orientale de la Morée et dans les îles de l’Archipel aux mois de
Juillet et d’Août. Deux autres espèces du même genre, dont l’une est
celle de nos bois et de nos campagnes, connue sous le nom de Cicindéla
campestris, Fab., paraissent au commencement de l’été; mais elles sont
loin d’être aussi répandues et ne se trouvent qu’à quelque distance de
la mer. Lorsque les plages sont plus élevées etique les flots ne peuvent,
en raison de leur élévation, en baigner la surface, si des plantes basses
et presque rampantes s’y trouvent multipliées, on y voit courir en plein
jour et par le plus beau temps, des milliers d’une espèce méridionale,
l’jErodius gibbus de Fabricius. Ils se croisent dans tous les sens en
nombre - prodigieux et semblent fixer leur habitation ou plutôt déposer
leurs oeufs au pied des plantes qui les environnent. De toutes les localités
, celle qui nous a le plus présenté de ces insectes, est la plage au
sud de Coron, presque sous les remparts mêmes de la ville.
Tels sont à peu près les seuls insectes qui peuplent les bords de la
mer. D’autres, pour s’en trouver à quelque distance, semblent néanmoins
ne pouvoir s’en éloigner beaucoup. De ce nombre est une espèce
qui vit aussi dans le royaume de Naples, formant un genre nouveau,