Les jeunes Tortues Grecques ressemblent d'ailleurs, au volume près,, aux
adultes; elles.portent même déjà à l'extrémité de leur queue un ongle assez
développé, lequel sè trouve être particulièrement un des caractères qui servent
à distinguer cette espèce d’une autre fort voisine, la Tortue Mauritanique, qu’on
avait jusqu’ici fort mal à propos confondue avec elle. Celle-ci à la queue inón-
guiculée et beaucoup plus couffe; sa plaque uropygiale ou suscaudale est simple,
au lieu d’être divisée en deux, et derrière chaque cuisse elle porte un gros tubercule
corné et conique, dont on ne voit pas Vm o în d re trace .chez la Grecque.
Enfin, la partie postérieure de son sternum, même que dans la Tortue
bordée, esfsusceptible d’un léger mouvement, tandis que le plastron du Groeca
ne présente aucune articulation ligamenteuse.
Ces deux espèces de Chersites n’habitent point non plus’les mêmes contrées ;
la Mauritanique ne se trouve nulle part dans le midi de l ’Europe; mais elle s’y
voit dans l ’e s t , ‘aux environs de la mer Caspienne et au pied du Caucase. Sa
patrie est toute l ’étendue des côtes barbaresques, et c’est elle que l’on doit
retrouver en Andalousie, s’il y existe à l’état sàuvage des Tortues terrestres,
par la raison, que la Péninsule Ibérique ayant fait primitivement partie de
l ’Afrique, ce sont des animaux africains, tels que les Caméléons et les Singes
qui s’y durent propager, et non ceux du midi de l’Europe, qui s’en trouvaient
séparés par le bras de mer dont le bassin de l’Hérault ët celui de la Garonne
ne sont que des vestiges. C’est dortc encore la Mauritanique que.l’un de nous
(M. Bory de Saint-Vincent) dût rencontrer en 1811 dans une cour de la chartreuse
de Séville, où s’en élevaient de grandes quantités pour la table des pieux
reclus. Ces Tortues y furent promptement détruites par les soldats, qui les
emportaient comme objets de curiosité, quand le couvent fut métamorphosé en
citadelle. Depuis la glorieuse coùquêté*d’Alger, on en porte beaucoup à Paris,
où l ’on en voyait haguères à travers les vitres chez uh marchand de comestibles
I . au Palais-Royal, qui, les confondant, sbus le nom de coquillage, avec les
Homards, les Langoustes et les Écrevisses, imaginait sans doute que la fraîcheur
leur est salutaire; et qui, les emprisonnant entre les dalles d’un marbre glacial1
les martyrisait ainsi au point de les rendre, contre son attente, aussi maigres et
aussi mauvaises a manger ,que possible. Les Tortues, au contraire, ne se portent
bien et n’engraissent- que. lorsqu’elles peuvent jouir du soleil et s’exposer, pour
digérer l ’herbe dont elles se nourrissent, à l’ardeur de ses rayons les plus vifs,
à la surface de quelque roche brûlante.
F a m i l le d e s C r y p to d è joe s . D um . e t B ib .
8. CISTUDE EUROPÉENNE,. Cisluda europoea1 Gray, Syn. Rept.^ge g. —
Testudo■ orbiçularisj L, Sjst. W ,X H I , loc. cit. i o 39, — Testudo eârôvoea, Schn.
32 3, n.° 5. — Schoepff, Test. p. 1 , lab. I. — Bojan. Anat. Test. ' europ. —.
Testudo lutaria, Marsigl. Danub. IV, pl. 33jet 34 Tortue jaune, Daud. loc. cil.
10 7* Voyez la Pl. IX-, fi'g. 1 , de notre 3 .° sé^ie^L’iridividu fort jeune que
nous avons fait; figurer et- auquel, on ne sait pourquoi, M. Valenciennes avait
donné le nom A’fbericq, présente assez de rapport avec l ’espèce^ dont Bonna-
terre a reproduit l’image dans la Pl. IV, fig. /£, de l’Encyclopédie méthodique,
sous le nom de^Bourbeuse.)
Cette espèce est des marais, des ruisseaux et des lagunes de toute l’Europe
chaude ou tempérée. Les individus adultes, que la Commission â rapportés de
Morée, où l’embouchure dé l ’EifrOtas' en est remplie, ainsi que le principal
.ruisseau de 1 île de Tine, ont cela de remarquable, que les stries concentriques
de leurs plaques discoïdes sont plus marquées que chez aucun de ceux, également
adultes, que nous ayons observés jusqu’ici; car ces stries, qui sont ordinairement
très-apparentes chez les jeunes sujets, s’effacent au fur et à mesure
q u e l animal grandit. C’est évidemment cette Tortue d’eau ddùee qui fut représentée,
avec un peu d’exagération, aux pieds dë cette Vénus dont on voit un
bronze à l’éntrée du palais des Tuileries, du côté du jardin, vis-à-vis ùn gladiateur
aiguisant son arme.
4 . CISTUDE HELLÉNIQUE, Cistuda h’èllenica, Bib. et Bory. — Voyez Pl. VIII
: de notre 3.° série, fig. 1, la femelle eh dessus2, a. de profil; fig. 2 le mâle,
a. de profil.
La Cistude nouvelle, .à laquelle nous conserverons le nom d’Hellénique, qui
, se trouve gravée dans notre Pl. VHI, pour désigner la femelle, abonde parmi
les mares et lçs nombreux fossés de dessèchement qui se voient dans cette
plaine de Nisi que baigne le Pamisus au coeur de la Messenie. C’est là que la
découvrit la .Commission scientifique, qui ajouta ;,ainsj une seconde espèce
1. Bien que cette espèce et la suivante aient été appelées Émjdes par M. Valenciennes, dans
les planches de notre atlas, nous avons dû adopter dans notre texte le nom de Cistude, qui désigne
le genre véritable où ces Tortues doivent rentrer à cause de la mobilité dé leur sternum.
2. M. Valenciennes a mal à propos pris ce sexe pour une espèce différente, et fait écrire pour
celte figure 1 de la planche V l l l le nom à'Émyde européenne, qui n’est aucunement convenable.