50 ANCIENS MAMMIFÈRES DE MORÉE ,
« d’une discussion s’appliquant à la configuration de signes symboliques, si les
« douze travaux d’Hercule ne rappellent que des sujets fabuleux.” Selon l’opinion
de la plupart des archéologues, qu’ont entre autres exprimée Court de Géhelin
et Dupuis, les faits attribués à Hercule ne reproduisent sous une forme autre et
relativement moderne que les allégories des douze signes du zodiaque, ne sont
qu’une traduction en style grec des scènes et motifs figurant et exprimant allégoriquement
l’ancienne et universelle cosmogonie. O r, l ’invention du zodiaque
devint le fond d’une théogonie indienne plusieurs siècles ¡avant le développement
de la vie sociale en Europe. Et comment alors, dans le bas-rëlief découvert à
Olympie, qui ne serait qu’une transformation de. cette’&ancienne composition,
trouver des élémens pour une zoologie grecque?
Des esprits généralisateurs vont très-vite dans des suppositions qui embrassent
tous les âges historiques. Mais défions-nous de ces penseurs, nés avec des cerveaux
ardens, pour lesquels produire est un hesoin irrésistible, que l’inspiration
saisit avant de posséder les faits, bien qu’elle les entraîne au-delà, quelquefois
avec bonheur au pçofit de l’humanité. Et, en effet, c’est pour moi une question
encore entière, si les Grecs, entrant dans les voies de la civilisation, ont connu
et adopté les fables indiennes; ou si, partis du même point de barbarie que les
sociétés dans l’Inde, ils ont eu à traverser les mêmes obstacles, à éprouver les
mêmes vicissitudes, à ressentir les mêmes joies de victoires semblables, et à inventer
également pour leur compte les mêmes manifestations de leurs sentimens.1
i . Le«développement de ce sujet s’est présenté à mon esprit et me plaît comme lié à une question
autre et même assez différente que j’étudie, dont je compte donner les résultats à la fin de
mes travaux sur les ossemens fossiles du calcaire oolilhique de la Basse-Normandie.
I l n’y a d’animaux possibles qu’en raison de l’essence et selon la nature des élémens ambians
qui s’organisent en eux-?. À chaque cycle géologique ces élémens sont plus ou moins modifiés,
et alors cessent tout autant de.formes animales; qui varient dans une mêmè raison. Rien ne se
renouvelle quant à l’essence des rbatériaux-principes des choses, matériaux doués de toute éternité
de leur raison d’affinités et de l’éventualité nécessaire de leur association. Mais il est disposé d’eux
à de certains momens des arrangemens, ou de la vie de l’univers, selon qu’en ordonnent les
conditions sans cesse variables de leur monde ambiant et réagissant; d’où l ’on peut inférer que
toutes les conformations qui furent successivement ou qui seront de nouveau départies aux êtres
organisés, ont été dans les décrets de la Providence et sont dés l’origine des choses déposées en
germe, c’est-à-dire, sont et furent en racine de toute éternité pour apparaître à un moment préfixe,
celui où leur milieu ambiant et réacteur se trouvera constitué pour en permettre le développement.
O r , l’Homme q u i, après tant d’autres animaux;, est à son tour intervenu dans le courant de ces
changemens, offrait certes un sujet intéressant d’études sous les deux rapports suivans : i.° en
raison de son apparition comme constituant une espèce bipède, dont la tête est volumineuse et
sphéroïdale, et 2.° d’une aptitude indéfinie dans le perfectionnement matériel de son être, surtout
en commençant et cultivant la vie sociale.
PARTIE HISTORIQUE. 31
Dans les appréciations de ce genre l ’on ne saurait apporter trop de réflexion,
admettre trop de distinctions. N1 oublions pas les deux nécessités qui poussent
l’homme vers sa destination définitive, qui aussi en restreignent les allures aventureuses;
c’est-à-dire, n’omettons dans nos spéculations l ’intervention ni des choses
du dedans, ni de celles du dehors. Expliquons cette pensée contractée et par
conséquent obscure.
Les choses intérieures sont celles qui se manifestent dans l’Homme, comme
étant absolument engendrées par ses faits de propre nature; ce sont les incitations
de toutes les parties de son organisation; et les choses extérieures sont tout ce
qui-l’affecte par des perceptions causées au dehors, ou toutes les excitations de
son monde ambiant, lesquelles l'astreignent et le livrent, en instrument docile,
à la cohésion de ce qui 1«.¡gauche mécaniquement. Que l’Homme n’obéisse qu’à
une seule de ces impulsions, celle du travail intérieur de ses parties organiques,
il n’est susceptible dans l ’ordre des .temps que des mêmes actes. D’une nature
dans ce cas immuable, il est par cette position, q u devient vis-à-vis de lui-même,
une même cause engendrant nécessairement le même effet. Mais n’est - ce pas ce
qui se montre uniquement et ce qui se trouve entièrement réalisé à la première
époque de la vie sociale? Au sortir de la barbarie, il est plutôt excité par les susceptibilités
de son instinct que guidé par les lumières d’une raison intelligente;
faculté adventive, mais non actuellement ¿avenue. Ce qui appartient à: sa nature
intime, est dans ce moment en pleine puissance d’agir et détermine toutes ses
allures, non que l’Homme n’ait à. se débattre dans son monde ambiant, qu’il ne
doive (et certes plus vivement encore) ressentir tout le poids accablant dps parties
environnantes, et qu’il ne soit dominé par tant de'corpuscules qui pénètrent en
lui; se rendant au cerveau par les organes des sens; alimentant la flamme de ses
poumons et changeant tous les rapports chimiques des ingesia dans ses voies
digestives.
Mais toutes ces causes d’influence pour l’Homme dans l’enfance de la civilisation
sont une constante sans différence'appréciable, sur laquelle, à la rigueur, la
différence des climats pourrait avoir action; c’est-à-dire, sont une constante qui se
manifeste comme des parties concentrées, amenées à l’unité d’essence et par conséquent
incapables de variations partielles, quand au contraire les modifications
organiques, qui dépendent de l’âge, du jeu plus ou moins libre des organes et
d’uné -multitude de petites circonstances provocatrices; agissent de leur chef avec
autorité, et ainsi distinctement. Les Hommes, dans les premiers pas de la carrière
sociale, n’ont point encore assez de lumières pour réagir contre les forces de la
nature, pour diriger le cours des eaux, pour assainir les lieux fangeux, enfin
pour réformer en partie leur monde ambiant. Engagés dans les mêmes travaux