point que dès le milieu de Mai la végétation printanière a déjà fait
place à des plantes plus hautes et moins fraîches dans les plaines de
la Messénie, tandis qu’elle se conserve un peu plus long-temps dans
les provinces moins méridionales. Aussi les productions entomologiques,
qui sont les mêmes dans toute la Morée, disparaissent-elles plus tôt
dans la première province que dans le reste du pays, et l’on retrouve,
à mesure que l’on avance vers le nord, des espèces qui déjà ne sont
plus dans les parties méridionales.
Les fleurs des Molènes, que nous avons dit emprunter tant d’éclat
de la présence des Cétoines, sont visitées en Mai par une grande espèce
de Scolie, XHemorroidalis du midi de la France, et par plusieurs
autres plus petites, entre lesquelles on remarque celle de nos environs,
connue sous le nom de Scolia quadri-punctata, Fab. On sait qu’elle
se trouve aussi dans le midi de la France et que ses variétés sont nombreuses.
On peut faire la même remarque sur les individus de Morée
dont les taches varient de la même manière, sans pouvoir donner lieu
à la formation d’espèces distinctes. Quelques autres Hyménoptères fouis-
seurs de cette époque se rapportent aux genres Pompile, Goryte, Cerceris
et Mutille. Les femelles de ce dernier genre habitent les parties sablonneuses
et assez élevées de différens plateaux, entre autres un terrain à
fossiles situé au nord-est de la ville de Modon. Les Tenthrédines ne se
trouvent plus autant, et sont remplacées par quelques Ichneumonides
et beaucoup d’Hyménoptères mellifères. Les Guépiaires et certains
Fouisseurs préfèrent les chaleurs du mois de Juin.
Les premiers Mylabres se montrent vers le milieu de Mai ; les espèces
de ce genre, en assez grand nombre, paraissent successivement jusqu’à
la fin de Juillet. Quelques-unes couvrent certaines plantes en nombre
vraiment prodigieux, et toutes pendant leur vie sont ornées de couleurs
fort vives, qui disparaissent ou du moins pâlissent beaucoup chez la
plupart après la mort.
Les Méloés ne se trouvent plus dès l’époque à laquelle apparaissent
les Mylabres; ils sont plus répandus en Mars et en Avril. Les espèces
qui habitent la Morée sont propres également au midi de l’Allemagne,
à l’Egpagne et à la Styrie.
Une nouvelle espèce du genre Dorcadion se prend çà et là, comme
les Dorcadions de la France, dans les terrains arides. On peut faire la
même observation pour une espèce remarquable du genre Hélops, d’un
violet bleuâtre; si ce n’est qu’elle ne fréquente pas les lieux les plus arides,
mais ceux ou croît une herbe assez fournie. Quoique répandue par tout
le pays, elle est rare partout, et parcourt également les plaines basses
et les collines; mais l’insecte le plus abondant pendant le mois de Mai,
celui qui, comme le Buprestis onopordinis, se rencontre à chaque pas,
est une espèce d’Amphicome, Ampli. Pareysseu, Br., à élytres fauves,
avec deux bandes de poils plus clairs, qui remplace alors toutes les
autres du même genre. H n’est point de fleur, de quelque espèce qu’elle
soit, sur laquelle on n’en trouve, au point que les filets promenés sur
les plantes en deviennent tout remplis en peu de minutes. Cette espèce
se rencontre pendant un temps assez long, et ne semble préférer aucune
fleur en particulier. Il existe cette différence entre elle et XAnomala
vitis, qiii est également répandue, que cette dernière se trouve en
quantités innombrables sur la même plante, tandis que l’Amphicome
est solitaire et ne se pose jamais que sur les plantes basses et toujours
dans la fleur.
U faut aussi compter parmi les Coléoptères du mois de Mai plusieurs
espèces de Cistèles; les Téléphores d’Olivier, quelques jolies Saperdes
et en général toutes les petites espèces de Longicornes; lès Ateuchus
déjà mentionnés et par suite tous les Lamellicornes ; tous les Hétéro-
mérés mélasomes et beaucoup de Charansons; plusieurs Mordelles et
QEdémères. Yers le milieu de ce mois , le Buprestis onopordinis commence
à devenir très-commun, et sera en Juin ce qu’est dans ce moment
l’Amphicome si répandue dont nous venons de parler. Le Buprestis
cariosa se trouve eneore à cette époque et même plus tard, mais il n’est
jamais très-commun.
On commence à voir vers la fin de Mai un grand nombre d’espèces
d’Orthoptères. Un insecte voisin du Phasma Rossii1 se traîne dans les
prés humides au bord de la mer; la Loeusta viridissimaf les Phané-
Dacillus granulatus, Br. ; yo j. notre pl. X X IX , fig. 6.