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 sont  entourées  de  taches  jaunes  ou  orangées  plus  ou  moins  élargies. 
 LÉmyde  dont  il  vient  d’être  question  est  assez  commune,  au  printemps,  
 dans  les  cours  deau peu  profonds  de  toute  la Morée  et dans  le  principal  ruisseau  
 de  1 île  de  Tine,  avec  l’espèce  n.°  3. Les  individus  de  tout âge,  rapportés  
 par  la  Commission,  ont  été  pris  dans  le  Silozo  et  au  pourtour  dé  Modon.  
 Cette Émyde  a également été  observée  en’ Dalmatie.  . 
 Famille des  T h a l a s s it e s   ou   T o r tu e s  m a r in e s ,  Dum. etBib. 
 6.  CHÉLONE  CAOUANNE,  Chelonia  Caoiianna Schw. Prodr. p. 292.—  Testudo  
 Caretta L.  Sjst. nat.  XIII,  loc.  cit.  i o 38.  —   Sehoepff,  Test.  p.  67,  tab,  16.  —  
 Testudo  Cepkalo  ScHn.  3o 3,  n.°  2.  —   Testudo  Caouanna  Daud.  loc,  cit.  p.  54. 
 Voyez  la  Pl. VI  de  notre  3.°  série,  où  M. Valenciennes  a  fait .graver  un  
 individu  de  cette  Chélone,  qu’il  crut  fort  légèrement  appartenir  à  quelque  
 espèce nouvelle,  sous  le  nom  de  Chelonia  peljtsgica. 
 C’est mal  à  propos  que Linné  et les auteurs  contemporains donnèrent à  cette  
 espèce  le  nom  de  Caretta,  qui  convenait  à  un  tout  autre  Chélonien  vivant  
 dans  les mers  de  l’Amérique.  Lacépède  redressa  cette  erreur  et  adopta  comme  
 scientifique  le  nom  vulgaire  que.donnent  là  plupart  dés marins  à  la  Tortue  
 dont il est question,  et que désigna  évidemment Rondelet dans  son  sixième livre  
 des  Poissons  sous  le  nom  de  Tortue  couverte  d’écorce ,  Testudo  corticata,  
 espece qu’il signale,  dans'son vieux langage, comme étant « une des plus  grandes  
 «  bestes  de  la Méditerranée, dont  on  prit  en  1S20  un individu  tel  qù’il  faisoit  
 «  Pur  aux  enfans  et personnes  ignorantes,  et si  forte,  qu’étant  traînée à  câbles, 
 «  ponrtoit trois hommes  droits » (p. 3%c¡). Les anciens avaient fort bien distingué  
 cette Tortue  des  espèces  d’eau  douce  qu’ils  donnaient,  comme  il  a  été dit  plus  
 haut, pour compagne à Vénus,  et des  terrestres,  dont nous venons de retrouver  
 l’empreinte  sur  une ..médaille  égynette ;  une  autre médaille  d’Égyne,  que  nous  
 avons  fait  figurer  dans  la  Pl.  VI,  représente  évidemment  la  Caouanne  :  cette  
 médaille,  remontant aux temps les plus anciens  et peut-être à celui des Pélasges,  
 est  ce qui décida^ probablement M. Valenciennes  dans  le choix¿du nom  proposé  
 pour  l’espèce  nouvelle  qu’il  croyait avoir  trouvée dans  l ’une  des  plus  anciennement  
 connues.  ' 
 On  a  porté  quelquefois  à  la  Commission  scientifique,  soit  à Modon,  soit  
 dans  le  golfe  de  Laconie,  des Caoùannes  d’âge diversj  et  longues  d’un  à  quatre  
 pieds; nous en  rencontrâmes une  femelle des  plus.grandes, morte  et récemment  
 jetée sur  la  plage  sablonneuse  entre  Arcadia et l ’embouchure  de  la  Néda  :  elle 
 ÿ  était probablement morte  en venant  faire sa ponte. Dans celle que  les membres  
 de la Commission ont disséquée à Modon,  et  qui,  figurée dans notre atlas, existe  
 dans les galeries du Muséum,  on trouva au moins cinq mille oeufs de  toute  taille  
 depuis  la  grosseur  d’un  très-petit  pois,  jusqu’à  celle  d’une  noix  ordinaire;  ces  
 oeufs étaient parfaitement roiids, semblables,  pour la forme et la couleur, au jaune  
 d’un  oeuf de  poule,  dont  ils  prenaient  la  consistance,  en  palissant  beaucoup  
 quand  on  les  fit cuire.  Un  peu moins  d’un quart de  ces  oeufs paraissaient  avoir  
 atteint  le terme de leur  développement,  prêts à  être pondus,  et  il "en  existait  de  
 trois n u  quatre autres grandeurs, ce qui fait supposer que la femelle nè les.dépose  
 pas  tous  à  la fois,  les plus petits devant attendre, pour arriver à leur entier développement, 
   que  les  plus, gros  leur  fassent de  la .place;  car  si  tous eussent  été  à  
 la  fois  du  volume des  plus  forts,  la mère  n’eût pu  les  contenir.  Les  personnes  
 qui  en  mangèrent,  les  trouvèrent  lourds  et  d’un  goût  fade,  assez  désagréable;  
 quelques-unes  même  en  furent  incommodées,  et  cependant  on  trouve  dans  
 beaucoup  de  livres  que  les  oeufs  de  la  Caouanne  sont  fort  recherchés,  et  les  
 meilleurs  entre ceux des Toytues.  L’individu  dont il est  question  nous  fut porté  
 en  vie;  mais  ayant  bêlucôup  souffert  pour  êtr£ demeuré deux jours  au moins  
 exposé  au  soleil  dans  une  cour  chez  ceux  qui T&vaiènt  péché,  on  le  saigna  
 d’abord ,  et  la quantité  de  sang  qu’il rendit  était  extraordinaire.  Les  globules  de  
 ce  sang,  qui,  à la  chaleur  près, ressemblait  à  celui  d’un  boeuf,  furent  trouvés  
 oblongs  et  proportionnellement  plus  gros  au microscope.  La  dissection  et  la  
 préparaûo^de l’animal  ayant duré long-temps,  les lambeaux  de  chair  qu’on  en  
 otait  successivement,  se  contractaient  et  s’agitaient ?Îqrsqu’on  les  piquait  avec  
 le  scalpel  quarante  heures  encore  après  leur  extraction.  La'couleur  noirâtre  
 et la  consistance coriace de  cette  viande.,  avec  les  nausées  qu’éprouvèrent  ceux  
 .qu’avaient  tentés  les  oeufs,  nous, en  dégoûtèrent  au  point  de ne  pas  essayer  s i   
 le  bouillon  en  eût  été  bon  comme  est  celui  qu’on  fiit  avec  la  Tortue  franche  
 qu’on  recherche  si  fort  chez  les  Anglais. 
 Quoique  la  figure  de notre planche ne  représente point une espèce nouvelle,  
 comme  l ’avait  supposé  M.  Valenciennes,  elle  n’en  demeure pas moins  fort  utile  
 dans. la  science,  parce  que  la  Caouanne n’avait  jamais  été bien  représentée  dans  
 son.état adul^, avec sa  carapace parfaitement unie  et  non  surmontée  de  légères  
 carènes, une médiane et deux latérales, ce qui n’offre point un caractère spécifique,  
 parce  qu’on  voit  ces  ébauches  de  carènes  seulement  au  jeune  âge.  Avant d’étre'  
 nettoyée et polie,  la  carapace de  la Caouanne,  qui est  ordinairement souillée  de  
 limon de mer,  est d’une  couleur brunâtre beaucoup moins belle  que celle qu’oii  
 voit  ici.  ' 
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