sujet. Quoi qu’on en dise du développement extraordinaire que donne
aux figues l’introduction d’une espèce de Cynips, toutes celles que nous
avons vues, tant sur les arbres que dans les marchés, n’étaient guère
au-dessus des nôtres, au moins pour la grosseur. Serait-ce parce qu’elles
n’auraient pas été soumises à la caprification ? Une chose certaine,
c’est qu’on n’y apercevait mi piqûres au dehors, ni traces d’insectes à
l’intérieur.
Nous terminerons cet aperçu par un mot sur le ver à soie et l’abeille
domestique, qui procurent certains avantages aux habitans de la Grèce.
Dans tout le pays la culture du mûrier est un objet de spéculation ;
avec l’olivier et le figuier c’est l’arbre le plus répandu. Il y en a deux
variétés, l’une à fruits rouges et l’autre à fruits blancs; mais les Grecs
négligent ces fruits, qu’ils laissent à la merci des passans ou des
oiseaux, pour ne recueillir que les feuilles. C’est sur des espèces de claies,
placées par étages les unes au-dessus des autres au dedans de leurs cabanes,
que les paysans Grecs, ou plutôt leurs femmes, étendent des lits
de feuilles de mûrier, pour recevoir et nourrir le ver à soie. Ces claies
ne sont écartées que de manière à pouvoir y passer aisément la main.
On présente aux insectes de petites branches du Satureia Tymbra, L.,
autour desquelles ils filent leur coque. Lorsqu’ils ont pratiqué cette
opération, on se borne à vendre la soie après l’avoir filée, et la plus
grande partie est envoyée dans les ports d’Asie. Ainsi les Grecs, par le
manque d’industrie et de toute espèce de manufactures, soit obligés
de racheter à grands frais de leurs voisi,ns une production si al ondante
chez eux, puisqu’il y a peu de familles à la campagne qui n’élèvent
des vers à soie; production qui serait d’un prix beaucoup moins élevé,
si l’on n’était forcé de ^exporter ainsi chez les autres nations pour l’en
retirer sous forme d’étoffes. Aussi ces étoffes sont-elles exclusivement
à l’usage des gens riches.
Si l’éducation des vers à soie ne produit pas, à beaucoup près, tous
les profits que l’on pourrait en attendre, à plus forte raison l’éducation
des abeilles ne donne pas ce qu’elle devrait rapporter. En effet,
dans un pays où ces insectes réussiraient si bien, nous ne trouvâmes pas
de ruches, soit par suite de la guerre, soit par l’ignorance des habitans.
Le miel n’est en usage comme aliment que dans quelques parties du
pays; et la cire, si utilisée chez les autres peuples, est à peine appréciée
par les Grecs. Le peu de ruches que nous avons rencontrées,
consistaient en de simples troncs d’oliviers creux, placés debout et
recouverts d’une planche; une ouverture, pratiquée à la base, servait
au passage des abeilles. C’est, comme on voit ¿la forme la plus simple ,
la seule connue des Grecs d’aujourd’hui et peut-être de l’antiquité.
Nous avons pour la première fois pu nous procurer du miel à Scarda-
mula, petite ville du Magne située au pied du Taygète. Ce miel a le
même goût que celui de l’Hymette, et l’on sait que le miel de l’Hymette
jouit d’une réputation qu’on pourrait qualifier d’historique. Son goût,
fortement aromatisé, tient uniquement à la nature de la végétation
d’où l’Hyménoptère le retire. Sa consistance est aussi beaucoup moins
épaisse que celle du miel de notre pays; sa couleur est un peu rougeâtre.
Les abeilles sont du reste très-répandues à l’état sauvage, par toute la
Grèce.
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