salions que pour avoir voulu prononcer avant le temps, et déduire de faits peu
nombreux et incomplètement connus dès, solutions prématurées.1
III. CARNIVORES.
C’est au groupé des carnassiers proprement dits qu’appartiennent la plupart
des espèces de Mammifères, envoyées ou rapportées de Grèce par M. Bory de
Saint-Vincent?^ et dont nous-allons présenter successivement l’indication.
3 La BELETTE, Mustela vulgaris, L.
L’individu que nous avons eu sous les yeux; et qui venait de Morée, diffère
seulement par la nuance plus foncée de son pelage, des Belettes de la France et
des autres régions de. l'Europe tempérée et méridionale.
L’existence de cette espèce dans le sud de la Grèce, montre, par une preuve
de plus, que la Belette appartient essentiellement à l’Europe tempérée et chaude,
comiüe l’Hermine à TEurope froide : ces deux carnassiers, si voisins par leurs
rapports naturels, sont ainsi entre eux ce que sont l’une à l ’autre deux espèces
i . Voici ce qu’Aristote dit de la Taupe : « Tous les vivipares ont des yeu x, excepté la Taupe;
« encore pourrai to n en quelque sorte ne la point excepter; mais il est plus exact de dire-qu’elle
« n’a point d’y eu x , puisqu’elle ne voit absolument pas et qu’on n’aperçoit pas les y eu x au dehors
« (oü t e%et ejç to Çuveçov iïïXouç ¿(pdaX/xov/;). Il est vrai qu’en enlevant la peau on voit quelque
« chose qui tient la place des yeu x ; on en voit même l’ir is.... . Il semblerait que la Taupé eût
été rendue aveugle au moment même de sa formation p sh le prolongement de la peau jusque
« sous les yeux.» (Hist. na t., liv. I , chap. IX .) Et ailleurs : « Les Taupes sont privées de la
x< vue ; elles n’ont point d’yeux apparens à l’extérieur; mais si on soulève la p e a u , . . . , on v o it
« des yeux qui leur sont inutiles,,. sans cependant manquer d’aucune des parties propres à cet
{< organe. On y distingue le blancPdeToeÎl, l’iris e t , au milieu de l’ir is, la prunelle : seulement
« les parties sont plus petites que dans les animaux qui ont l’oeil découvert1, et rien de tout cela
« ne parait au dehors, à cause'de l’épaisseur de la peau (« ç fègrà' ' tovtuv ovS'év m/Activât
« cTià I ! tou Sip/ActToç 7r*%ps)‘ » Certes, ces détails conviennent à la Talpa coeca,.où l’ouverture
des paupières n’est plus qu’un petit trou semblable à celui qui résulterait d’une piqûre d’épingle
(il n’est d’üllèurs pas exact que cette ouverture soit nu lle , ainsi qu’on l’a répété d’après M. S a v i) ,
et i l s’accorderait, au contraire, fort mal avec les conditions de la Talpa europæa, où l’oeil ,
très-petit, i i est v ra i, n'est point du tout, cacbé sous la peau, mais seulement, dans certaines
circonstances et à la volonté de l’animal ,?sous les poils de la région oculairë. I l n’y a non plus
aucun doute, ainsi que mon père a açheyé de le démontrer (voyez l’histoire très-complète qu’il
a donnée de laTaupe dans son Coiirs de l’histoire naturelle des mammifères), que la Taupe ordinaire
ne jouisse de la vue; ce qui est aujourd’hui parfaitement établi par des expériences directes
et ce que confirme la structure anatomiquejle l’oe il/ o u l’on aperçoit très-bien, a l’aide du microscope,
presque toutes les parties de l’organe oculaire que l’on connaît chez fes autres animaux.
Nous avons consigné dans l’article Taupe du Dictionnaire classique d’histoire naturelle les résultats
des observations assez complètes que nous avons faites à ce sujet, et qui nous paraissent autoriser
pleinement cette assertion, malgré les opinions très-opposées qu’ont émises plusieurs anatoipistçs
et zoologistes des plus distingués.
congénères, mais appartenant à une autre subdivision des Mustela, la Fouine et
la Marte. Toutefois, l’Hermine et la Mafrte étant des espèces essentiellement hyper-
boréennes, la Belette et la Fouiné'; au contraire, des espèces, méridionales, les
limites de leur distribution géographique ne sont pas tracées-avec une telle précision
qu’iln ’arrive à ces quatre carnassiers de se troùver réunis, et, en quelque
sorte, de se rencontrer dans les régions intermédiaires, de l’Europe, et, par
exemple, dans la France centrale.. '
4 Le CHAT SAUVAGE, Felis C a t u s L. (Voyez Pl. I. A. de la 3.“ série.)' ;v
Les couleurs du Chat sauvage de Morée ne diffèrent nullement, quant aux parties
supérieures et aux membres, de celles des individus de la même espèce qui
sè trouvent répandus dans les forêts de l’Allemagne et du rjeste de l ’Europe occidentale;
mais les premiers anneaux noirs delà queue, qci^Che# ces derniers, ne
sont ordinairement qu’à peine marqués, et, pour ainsi dire, qu’iiidiqués, sont
^bien tranchés chez le Chat de Morée; celui-ci a en ¿outre uri auitré çaraetère
spécial dans l’existence, sous la poitrine, de plusieurs taches noirâtres, irrégulièrement
disposées, dont on aperçoit à peine quelques légères traces chez les
individus de nos contrées ; et ce caractère est d’autant plus remarquable, qu’il
rapproche la variété du Chat sauvage, qui existe dans la Morée, d’une espèce
indienne, fort voisine, mais bien distincte, que nous avons fait connaître ailleurs
sous le nom de Felis rubiginosa.1
Le Chat sauvage est très-commun en Morée dans Certaines parties montueuses
et centrales de l’Arcadie, particulièrement dans le, canton de Carithène et sur les
pentes du Diaforti. Il se tient ordinairement à portée des villages et aux environs
des ^bergeries des nomades, reste long-temps caché sur les branches des arbres,
et en descend, quand le moment lui paraît favorable ou quand la faim le presse,
pour venir piller, dévorer les volailles, les petits oiseaux et même les petits quadrupèdes;
il fait surtout une guerre assidue aux perdrix.2
5 Le CHAT DOMESTIQUE Felis Catus domesticus, L.
Nous devons à M. Bory cette observationrintéressante, que le Chat domestique
est, en Morée, presque constamment noir. Les membres de là Commission ont
même cru long-temps qu’on ne trouyait pas dans .cette contré^d’individus de
couleur différente. Cependant ils., ont fini par en voir quelques - uns dont le
pelage, généralement gris-, différait peu de celui du Chat sauvage.
1. Zoologie du Voyage aux Indes de Bélanger, pag. i 4o , pl. VI.
2. L’individu de celte ëspèce, que nous avons fait figurer, a clé tué par Mi Ie’colonel Bbry de
Saint-Vincent lui-même sur les branches élevées d’un Chêne Vellani (Bot. n.° 1276).