première, dont elle n’est en effet qu’une sorte d’appendice; on pouvait
suppose^également, et on le supposait même, que déjà on y rencontrerait
des espèces qu continent africain. Cependant, contre toute
espérance, sa faune est en partie celle de l’Italie, du midi de l’Allemagne,
de la Hongrie et même du midi de la France. Par la nature
de ses côtes rocailleuses et nues, comme celles de presque tout le bassin
de la Méditerranée, elle se rapproche de notre midi, dont elle offre en
partie les productions, tandis que les montagnes dont ¡.elle est hérissée
lui donnent des rapports nombreux avec l’Europe centrale.1
Malgré sa latitude beaucoup plus méridionale que la nôtre, et la
différence de température qui en ^résulte naturellement, il est surprenant
que la Morée soit habitée par des espèces dont plusieurs se
trouvent aux environs de Paris. On pourrait supposer que, ces espèces
paraissant plus tôt que chez nous, la température, alors moins élevée,
assimile en quelque sorte ce climat au nôtre, surtout dans des plaines
d’une certaine hauteur au-dessus des mers ; mais il arrive aussi que des
espèces qui rentrent dans nos genres, quoique propres à la Morée, se
montrent en même temps que les espèces des mêmes genres particulières
à notre pays y apparaissent. Il faut donc chercher une autre
cause à cette apparition simultanée des espèces de même genre à des
latitudes si différentes, cause que nous retrouverons dans l’analogie
existante entre la végétation et quelquefois les terrains des deux contrées.
Quels que soient cependant les traits de famille qui lient nos insectes
de France et ceux de la région qui nous occupe, une grande partie de
ces derniers se distinguent par des caractères sufïïsans pour être séparés;
et de l’examen attentif des productions entomologiques du pays doivent
se tirer les conclusion^ suivantes : 4.° l’entomologie péloponésiaque est
une entomologie-mixte, participant de celle de l’Asie par quelques
genres et un petit nombre d’espèces; de celle de l’Afrique par plusieurs
insectes de l’ordre des orthoptères, et par-dessus tout de celle de l’Eui
. La partie dè l’Asie mineure que baigne la Méditerranée peut .donner lieu aux mêmes, observations;
l’entomologie de cette contrée est encore en quelque cbose européenne, et ressemble
tellement à celle de la Morée, qu’on ne peut guère trouver l’explication de ce fait que dans la
nature du terrain et là végétation à peu prés analogues.
rope, dont elle a généralement l’aspect; 2.° malgré cette ressemblance
apparente avec nos insectes européens, un grand nombre d’espèces ne
s’en distingue réellement que par des caraçtèifés fprt délicats.
On avouera que ,çes rapports, je dirai ^presque intimes entre les
espèces de pays si différens, doivent non-seulement surprendre le naturaliste
parcourant la Morée dans l’espoir de rencontrer des productions
tout-à-fait dissemblables, mais encore l’entraîner dans de nombreuses
erreurs, éloigné;,qu’il se trouve de tout objet de comparaison. De là il
dut nous arriver de négliger des objets intéressans pour nous attacher
à plus d’une chose qui eût mérité; beaucoup moins notre attention.
Forcés, par la marche souvent rapide^que mous prescrivait le peu de
durée de notre séjour dans le pays, de faire un choix précipité dans
nos récoltes, plus d’une fois nous avons pu donner la préférence, sur
des espèces réellement nouvelles, à d’autres déjà connues, trompés par
la ressemblance et aidés seulement du secours toujours assez peu sûr
de la mémoire.
A ces causes d’erreur se joignait quelquefois un sujet de découragement;
c’était le peu d’efficacité des recherches dans un grand nombre
de localités. Des plaines sablonneuses et arides, des coteaux calcaires
et dépouillés, de vastes étendues, à peine semées de maigres buissons,
doivent être, on le conçoit, assez dépeuplés d’iri&ectes; de nombreux
systèmes de montagnes pelées qui divisent le pays, des ravins tantôt
calcaires et tantôt schisteux qui sillonnent ces mêmes montagnes , et
qui sont rarement parés de végétation, ne sont guères plus propres au
séjour de ces animaux. Ce n’est donc que dans quelques plaines d’une
médiocre étendue, oii se presse une végétation*parfois aussi parfumée
que riche, dans des forêts montueuses, telles que celles de la Messénie
et de l’Arcadie; enfin, dans des vallons délicieux'qu’arrosent de frais
ruisseaux, que l’on peut rencontrer en grand nombre ces tribus légères
auxquelles nous venions donner la chasse.
Aucune classe d’articulés ne prouve mieux que celle des Crustacés
combien la Morée est quelquefois pauvre en objets nouveaux. Nous
reverrons le même fait dans les Lépidoptères.* La plupart des premiers,
assez peu nombreux, sont déjà connus et se retrouvent ailleurs. Les