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 plusieurs Cônes, des Ancillaires,  des Cancellaires en très-grand nombre,  
 ainsi que de grandes espèces de Pleurotomes; on y voit encore de grands  
 Strombes ,• de  grandes Vénus,  des  Peignes  gigantesques,  des Huîtres  
 qui surpassent en proportions tout ce qui est connu  de  vivant dans le  
 même  genre.  Ces  espèces sont perdues,  ou  du  moins  on  ne les à  pas  
 encore retrouvées  vivantes; mais  il  est évident,  par l’analogie, soit de  
 leur nombre, soit de leur grandeur,  qu’elles Ont dû vivre dans une mer  
 dont  la  température  devait  être  à  peu  près -égale  à  celle  des mers  de  
 l’Equateur. 
 S’il est permis maintenant aux zoologistes d’essayer de jeter quelque  
 lumière  sur  ces  questions  qui  intéressent  surtout  la  Géologie,  puisqu’elles  
 ont rapport à   des  changements  survenus  à   la surface du  globe,  
 ils  ne  peuvent, y  parvenir  que  par  l’étude  approfondie  des  analogies  
 qui  existent entre  les  espèces  fossiles et celles des différentes mers,  ou  
 entre celles des  fossiles des. différais terrains  et des  différentes contrées  
 oii  on les  observe. ’ 
 Nous  sommes  parvenu,  en  multipliant  ces  comparaisons  sur  une  
 quantité d’espèces et d’individus, soit vivans,  soit fossiles,  à découvrir  
 quelques  faits, d’une  application  générale  :  celui  qui  est  d’une  plus  
 grande' u til!té à la  Géologie, .c’est  que  la  contemporaiiéitè  de terrains  
 fort éloignés,  dont  on  ne  peut voir  la  continuité,  peut  être préjugée  
 avec  certitude  par  l’identité  des  fossiles.  Ce  fait  a  pris  d’autant  plus  
 d’importance,  que  l’on  a vu  successivement  se  réaliser  les prévisions  
 zoologiques,  lorsque les  faits géologiques  ont été mieux observés. 
 L’examen^qjie  nous  avons  fait .des  fossiles  des  terrains tertiaires de  
 la Morée,  nous a convaincu que ces fossiles étaient de la même époque  
 que  ceux  d’Italie,  puîsqueies  espèces  sont  identiquement  les mêmes  
 dans  les  deux  pays.  Cependant,  comme  cela  a  toujours  lieu  lorsque  
 l’on  passe d’une localité à l’autre dans une même formation, on trouve  
 en Morée quelques espèces particulières ;  on en observe aussi  quelques-  
 unes, en général fort petites,  qui proviennent  d’un terrain plus récent  
 de même époque  que  ceux  de la Sicile. 
 Quant aux espèces vivantes de lu Morée, comparées aux espèces  qui 
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 ne  s’y trouvent plus qu’à l’état de fossiles,  on  ne peut en  tirer  aucune  
 induction,  parce  que  lés  observatioiis  sont  trop  incomplètes.  On doit  
 trouver sur les côtes de la Grèce au moins autant d’espèces qu’en Sicile  
 ou  qu’en Corse. M.  Payraudéau,  dans  un  catalogue  très-bien  fait,  a  
 mentionné trois  cent cinquante-six  espèces  vivantes sur  les côtes  de la  
 Corse. Dans le catalogue qui suit, nous n’avons que huit espèces de plus,  
 en comptant à la  fois les  fossiles et les vivantes.  Il est  à  présumer  que  
 des recherches plus long-temps  continuées sur  les  terrains  tertiaires de  
 Morée, y feront découvrir un plus grand nombre d’espèces fossiles. On  
 ne peut donc, quant à présent, tirer aucune conclusion du nombre des  
 analogues.  Pour  obtenir  des  conclusions  définitives  en Géologie  et  en  
 Zoologie, il faudrait comparer toutes les  espèces actuellement vivantes  
 dans  la Méditerranée  à toutes  celles qui sont fossiles sur son pourtour.  
 On n’a pas encore les matériaux suffisans pour un tel travail ; il faudrait  
 des catalogues bien faits des parties principales,  et c’est précisément ce  
 qui manque.  ■ - 
 Les Céphalopodes seront entièrement omis dans le présent catalogue.  
 La Commission de Morée n’a rapporté que le Sepia offîcinalis etl’Ôc-  
 topus vulgaris des mers de l’Archipel. Ce dernier animal s’y pêche en  
 abondance,  et  on  l’y  sale,  parce que  le peuple,  très-observateur  des  
 pratiques  religieuses,  s’en  nourrit  de  préférence  à  toute  àutre  chose  
 dans les jours maigres  et pendant ses nombreux carêmes. Il se trouvait  
 aussi dans un bocal deux individus d’une espèce, de Sèebe,  qui dut être  
 fort curieuse et que caractérisait une sorte d’aile longitudinale en manière  
 de  nageoire sur le dos; mais  on n’a pu savoir qui avait ouvert le vase,  
 déchiré  et mutilé les deux animaux ,^au point de les rendre méconnaissables  
 et inutiles pour l’étude. M. Bory de Saint-Vincent,  qui se  souvenait  
 les  avoir achetés  vivans  d’un  pêcheur  de Mycone,  croit  que  ces  
 deux Sépiaires  eussent pu  constituer un genre nouveau.  ^ 
 Une seule espèce de la famille des Limaces a été rencontrée sur le sol  
 de Morée par la Commission scientifique.  Les Limaces  aimant généralement  
 l’ombre et l’humidité, on sent que le climat brûlant et les roches  
 sèches de la Grèce ne leur conviennent guères. Celle qui paraît y  exister  
 à peu près seule fut trouvée, par MM. Bory de Saint-Yincent et Brullé,