delà joindre; car au moindre bruit elle fuit légèrement^ Onne peut guère attaquer que
les indiVidus que l ’on surprend pendant le jour, isolés et errans, ou ceux que l ’on
parvient à attirer j w l’odeur d’un animal mort ou d’une charogne, vers un endroit
où l’on se tient à l’affûf. Les terriers des Chacals sont peu différens de ceux des
Renards, mais toujourPplacés dans des lieux d’un accès très-difficile. Il est vraisemblable
qu’avec une jneute on se procurerait facilement un grand nombre d’individus.
Privés dç ces moyens, les membres de la Commission ont eu, au contraire, beaucoup
de peine à se procurer les sujets qu’ils ont rapportés, et qui font aujourd’hui
partie des collectioiS du Muséum d’histoire naturelle.
Le Chacal déterre les cadavres et les charognes : telle est principalement sa nourriture.
Lors de l’expédition libératrice plusieurs, individus pénétraient habituellement
dans le camp pendant la nuit, pour dévorer tous les débris d’animaux qu’ils pouvaient
y rencontrer, et jusqu’aux excrémens. Plusieurs fois il leur est arrivé de manger des
souliers ou des bottes. Ils étaient a cette époque fort communs dans le.vallon de la
Djalôva, où était assis le-camp. Au contraire, quand la Commission scientifique est
arrivée dans les mêmes lieux un an après, le vallon était complètement désert;
les troupes de Chacals l ’avaient abandonné en même temps que l’armée.
C’est principalement dans les plaines d’Hélos que le repos de nos savans compatriotes
fut souvent troublé dans l’obscurité par les cris de ces animaux, qui vinrent
plus d’une fois chercher les débris des repas8 jusques entre les tentes. Une nuit,
entre autres, les membres de la Commission furent tous réveillés par des cris si
violens, que, quoique déjà habitués aux moeurs du Chacal, tous sortirent à la fois;
mais la ¿troupe âisparut si promptement que l’on n’en aperçut pas même un seul
individu.
La peau du Chacal est employée comme fourrure par les Grecs.1
$. IV. Détermination du Chacal de Morée.
Les détails que nous venons de présenter sur les habitudes du Chacal de Morée,
et les descriptions que nous avons données sur ses caractères zoologiques, comparativement
avec ceux? des autres variétés ou espèces, vont nous permettre maintenant
de donner sa détermination avec toute la précision que réclame l’état de la
science. Il résulte de la description donnée plus haut du Chacal de Moréjï que cette
variété o ii espèce diffère essentiellement,
i.° Du Chacal de l’Inde, par la,;côuleur très-foncée et même presque généralement
noire des parties supérieures de son pelage;
i . M. Boiy de Saint-Vincent a remarqué que tous les individus qu’il à pu examiner étaient
d’une maigreur excessive et paraissaient avoir long-temps souffert de la faim.
2.° Du Chacal du Caucase, par le même caractère ;
5 .° Du Chacal de Nubie, par la disposition irrégulière, mais assez uniforme, du
noir sur les parties supérieures du corps, et par ses oreilles sensiblement plus courtes;
4.°- Du Chacal d'Alger, par la couleur rousse du dessus du crâne (qui est gris
chez le Chacal d’Alger), et. par la couleur blanche d’une partie de la face interne
des membres;
5.° Du Chacal du Sénégal, par le premier de ces deux caractères et par la couleur
de ses membres roux-dorés et non fauves.
Toutes ces espèces ou variétés se ressemblent d’ailleurs par la disposition générale
de leurs couleurs, et surtout par la couleur rousse-doréade leurs oreilles, comme
aussi, d’après les renseignemens que s’accordent à donner tous les voyageurs dignes
de foi, par leur genre de vie, leurs moeurs et leurs habitudes.
Le Chacal de Morée étant Cependant différent, à quelques égards, des Chacals de
toutes les autres contrées, il nous reste à examiner s’il doit être considéré comme
une espèce distincte ou comme une simple variété. L’exemple de plusieurs zoologistes
distingués semble nous commander d’adopter la première de ces opinions,
puisque notre Chacal de Morée paraît être caractérisé par des modifications de
même valeur que celles sur lesquelles repose la distinction des' autres Chacals. Nous
n’hésitons cependant pas à adopter l ’opinion inversent à ne considérer le Çhacal
de Morée, de même que tous les autres précédemment décrits (peut-être les
Canis variegatus et anlhus exceptés), comme de simples variétés de localités,
appartenant-toutes à une seule et même espèce, répandue à la fois dans presque
toutes les contrées chaudes de l’ancien continent.1
En effet, tous les caractères distinctifs qui ont été assignés à chaque variété, sont
loin d’être empreints au même degré sur tous les individus, et il y a de si nombreux
passages entre les unes et les autres, que leur distinction, facile à qui ne considère
que quelques types isolés, devient absolument impossible pour quiconque peut
rassembler sous ses yeux, comme nous avons eu l ’avantage de pouvoir le faire, un
grand nombre d’individus de tout sexe, de tout âge et de tout pays.
La comparaison que nous avons pu faire aussi du crâne et du système dentaire
chez plusieurs Chacals de l’Inde, de Perse, de Morée, d’Alger .et du Sénégal, nous
a conduit exactement au même résultat, c’est-à-dire à l ’impossibilité absolue de
tracer des’ limites exactes entre les diverses variétés de Chacal. Sans doute, nous
avons reconnu quelques légères différences entre certains crânes venus de contrées
i . Cette question est, au reste, il faut le dire, .compliquée par un assez grand nombre de difficultés,
qui subsisteront tant que l’on ne pourra définir rigoureusement l’espcce en zoologie. Nous
nous proposons de publier incessamment un mémdire sur cette grave question, à la solution de
laquelle la science nous parait pouvoir enfin prétendre.
m .1 4