bêtes de somme. Leurs propriétaires les entretiennent avec soin et intelligence,
et peut-être un jour la naturalisation du Dromadaire sera-t-elle pour les Mo-
réotes une faible indemnité pour la perte de presque tous leurs autres animaux
domestiques*, que les dévastations de la guerre ont partout produite.
17 Le CERF, Cervus Elaphus, L.
Les membres de la Commission ont en vain cherché à .se procurer quelques
individus de cette espèce, et on leur a même répondu souvent qu’elle n’existe
pas en Morée. Cependant l ’illustre Colocotrpni avait une Biche qui le suivait
partout, et qui même habitait avec lui sa tente à l’Assemblée nationale d’Argos.
Colocotroni a assuré à M. Bory de Saint-Vincent que sa Biche avait été prise
dans le mont Olénos.
18 La CHÈVRE, Capra Ægagrus domeslicus, L.
Elle est très-commune en Morée, et semblable à la nôtre : elle anime partout
le paysage et fait la richesse des pauvres pasteurs, qui en ont tous de petits
troupeaux. Les membres de la Commission ont vu aussi à Naxie quelques Chèvres
à oreilles pendantes.
19 Le MOUTON, Ovis Ammàn domeslicus, L.
I^es Moutons de Morée sont encore une des grandes richesses du pays, quoique
la guerre en ait considérablement diminué le nombre. Les plus beaux ne
reviennent qu’à six francs environ. Les bergers les font paître pendant tout l ’été
sur le Ménale et le Lycée, et ramènent l’hiver leurs troupeaux sur le littoral.
20 Le BOEUF, Bos Tauras domeslicus, L.
Cette espèce n’était pas rare avant là guerre j mais elle a été presque entièrement
exterminée. Le petit nombre d’individus que l ’on voit aujourd’hui en Morée,
y sont même presque tous importés de divers points de l’Asie mineure.
21 Le BUFFLE, Bos Bubalus, L.
Cette espèce, répandue naguères assez abondamment dans les marais de Cala-
mata et d’Hélos, et que l’on employait pour le labour avant la guerre d’Ibrahim,
a été également détruite : peut-être n’en existe-t-il plus un seul individu en Morée.
Les Grecs appellent les troupeaux de Buffles Vouvaglia; nom que plusieurs géographes,
pour l’avoir trouvé dans les itinéraires de certains voyageurs, ont noté
sur leurs cartes, selon M. Bory de Saint-Vincent, comme celui de certains
villages qui -n’existent pourtant pas.
SUR LE CHACAL
ET SPÉCIALEMENT SUR LA VARIÉTÉ DE MORÉE.
Il nous reste à compléter le tableau, des Mammifères de Morée que nous venons
de présenter par quelques recherches sur le Chacal. C’eût été laisser notre travail
très-incomplet que de nous borner à comprendre dans notre Catalogue l e nom
d’une espèce aussi remarquable, sans y ajouter quelques renseigûemens sur ses
moeurs, sur quelques points de son organisation et sur les localités où elle a été
trouvée. On va voir en effet que l’histoire du Chacal de Môrée n’est pas sans intérêt
pour la zoologie, tant par elle-même que par les considérations auxquelles elle
peut être rattachée.
On sait par les observations déjà publiées d’un grand nombre d’auteurs, qu’il
existe plusieurs variétés assez différentes dù »Chacal, et même, d’après quelques
zoologistes distingués, plusieurs espèces doivent être établies parmi ces Chiens à
formes.de Loup, à oreilles et à membres roux, à.,pelage plus ou moins varié de
cendré et de noirâtre, que Linné comprenait sous le nom de Canis aureus, et que
l’on connaît généralement sous lé nom de Chacal.
Le Chacal de Morée appartient-il à l’une de ces variétés ou espèces déjà indiquées
par les auteurs? ou bien a-t-il quelques caractères qui lui soient exclusivement
propres ?
Pqur résoudre cette question, nous devons' d’abord faire connaître en peu de
mots quelles sont les variétés ou espèces déjà bien connues.
§. I.er Description sommaire des différentes espèces ou variétés de
Chacals répandues en A sie et en Afrique.
' M. Frédéric Cuvier, dans son Histoire naturelle deS Mammifères de la Ménagerie,
a, le premier, fixé l’attention sur les différences qui existent*entre les Chacals de
diverses contrées, et notamment entre le Chacal de l’Inde et le Chacal du Sénégal.1
Ces différences ont même paru à ce savant zoologiste assez tranchées pour motiver
l’établissement de deux espèces distinctes, le Chacal de l’Inde ou Chacal proprement
dit, Canis aureus, et le Chacal du Sénégal, Canis anthus. Lés observations de
i. Nous laissons ici de côté la partie de cette question qui est relative aü Chacal a dos noir,
Canismesomelas, espèce de l’Afrique australe, très-distincte et depuis long-temps bien connue.