recueillis, attestent cependant que non-seulement le Chacal existe en Morée, mais
quil est même excessivement commun dans cette contrée.
Le Chacal de Morée présente d’ailleurs quelques caractères spéciaux, qui
rendent difficile et vraiment compliquée, dans l’état présent de la science, la
détermination de ce carnassier. Aussi, obligé d’entrer à son égard dans des détails
assez étendus, croybns-nous devoir les réserver pour un article spécial, que l’on
- trouvera à la fin de ces remarques sur l’ensemble des Mammifères de Morée.
De .cette manière, les descriptions zoologique^que nous serons obligé de donner
sur lès Chacals de diverses contrées du globe, et les considérations intéressantes
que nous espérons pouvoir déduire de leur étude comparative, n’interrompront
pas ce tableau des Mammifères de Morée, ou, si l’on veut, ce catalogue détaillé,
qu’il a paru utile de présenter ici.
9 Le LOUP, Canis Lupus, L.
Il est.très-commun en Morée, et peu ou point différent du Loup de France,
d’après vCe qu’ori en a dit aux membres de la Commission. Il habite les montagnes,
mais descend fort souvent dans lés plaines et les vallons, où il vient faire une
guerre cruelle aux troupeaux.
Il n’est pas sans intérêt de remarquer que les lieux où le Loup est encore
aujourd’hui le plus commun, sont ceux où dâ fable place l’origine de cette
redoutable espèce. On sait que Lycaon était roi d’Arcadie.
10 Le CHIEN, Canis familiaris, L.
On trouve en Morée un grand nombre de chiens très-grands, très-robustes
et appartenant a la race du chien de berger. Leurs oreilles sont droites. Leur couleur
est très-variable; cependant’ la plupart sont bruns. Ceux de Laconie^dont
quelqués écrivains modernes ont beaucoup et poétiquement parlé, parce q u il
en est question chez les anciens, n’offrent rien de particulier aujourd’hui.
Les Chiens sont, les compagnons fidèles des pâtres, et leur rendent mille
services, en retour .desquels ils ne reçoivent que de mauvais traitemens, qu’ils
doivent en partie à la grossière brutalité de leurs maîtres, mais Surtout à l’opinion
où l ’on est en Morée que les ames dés Turcs passent dans les chiens. Les bergers
tiennent néanmoins beaucoup à leurs vigilans compagnons, et quoiqu’ils les
accablent de coups et les laissent presque mourir de faim, on ne pourrait tuer
un de ces’animaux sans courir des dangers réels.
Ces Chiens sont tellement féroces qu’il est même dangereux de passer, sans
les provoquer, à peu de distance d’eux. On a pu voir, dans la Relation historique,
le récit de plusieurs petites batailles que les membres de la Commission
eurent à livrer contre des Chiens. Les meilleures armes que 1 on puisse employer
MAMMIFÈRES. 4 7
avec avantage contre eux sont, après lés armes à feu, les pierres, qu’ils redoutent
beaucoup et sur lesquelles ils se jettent avec rage quand ils en ont été atteints.
Au reste, une blessure faite à un telennemi suffit presque toujours pour le mettre
hors de combat, les autres? chiens ne voyant pas couler le sang d’un dés leurs
sans se jeter aussitôt sur lui et le déchirer.
..... IV. RONGEURS.
11 Le LIÈVRE, Lepus timidus, L.,
D’après quelques observations de M. Bory de Saint-Vincent, le Lièvre de Morée,
d’ailleurs entièrement semblable au nôtre, aurait les oreilles plus longties, et se
rapprocherait ainsi de la plupart des espèces congénères qui peuplent l ’Asie et
surtout l ’Afrique.1
12 La MARMOTTE, Arctomys Marmot a , L.
L’un des officiers de la Commission de Morée, M. Peytie, auquel on-doit une
partie de la triangulation, aperçut à 1278 mètres de hauteur au-dessus d’u niveau
de la mer, en faisant une opération géodésique sur les pentes de la montagne de
Lacomata au canton de Galavrita, un animal qui se sauva parmi les rochers et
qu’il né put atteindre; il présume que c’était une Marmotte. 4
V. PACHYDERMES.
13 Le COCHON, Sus Scrofa dome-stiçus, L.
Les Cochons étaient, il y a peu d’années encore, tràs-rommnns en Grèce.; mais
ils ont presque tous été tués dans la guerre cruelle. d’Ibrahim-Pacha.'Aussi le
prix d’un Cochon, même d’un Cochon de lait, est-il maintenant égal en Morée
à celui de déux ou trois Moutons. Le petit, nombre d’individus qu’ont pu voir
les membres de la Commission de Morée, leur ont paru entièrement semblables
à notre race commune de France.
14 Le CHEVAL, Equus Càballus dômes tiens, L.
Il existe en Morée une race de Chevaux très-petite, mais excellente, infatigable,
et marchant dans les lieux les plus difficiles, sans jamais faire de faux pas. On
n’a pas l’usage de les ferrer, non plus que les Mules, qui.sont aussi excellentes,
principalement .celles de Naxie.
15 L’ANE, Equus A sinus domesticus, L.-
Il est très-commun en Morée, et semblable au nôtre en tout.
VI. RUMINANS.
16 Le DROMADAIRE, Camelus Dromedarius domesticus, L.
Après l ’expédition de Dramali et celle d’Ibrahim, quelques Dromadaires, pris
dans les bagages, ont été conservés dans le pays, où on les emploie comme
1. Voyez sur l’alongement des oreilles dans le genre Lièvre, la 2.® liyr. et nos Études zoologiques.
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