créations diverses. Ce sont Vraiment, pour emprunter à une autre
branche de l’histoire naturelle le terme qui peut le mieux exprimer notre
pensée, des contrées de transition, et si l’ensemble de leurs productions,
dépourvu d’un caractère spécial, frappant et bien tranché, mais, au
contraire, participant à la fois des conditions des régions voisines,
n’appelle pas l’attention par l’aspect de ces contrastes, de ces oppositions
naturelles qui parlent si haut à l’imagination, son étude approfondie
peut du moins révéler à l’observateur une multitude de ces relations
secrètes, de ces analogies cachées, de ces inductions fécondes que
les esprits méditatifs se plaisent à découvrir sous le voile épais qui les
cache au vulgaire.
Sous le point de vue de la géographie zoologique, c’est parmi ces
contrées de transition que l’on doit ranger la Grèce, et peut-être est-elle
la plus remarquablé de toutes. La belle région ou furent Delphes et
Thèbes *, ou est encore Athènes, la presqu’île de Morée, l’île de Candie,
semblent trois portions d’un vaste cap qui, prolongeant l’Europe vers
l’Asie et l’Afrique, lie à la fois l’Occident à l’Orient et le Nord au
Midi. C’est là, en effet, que les costumes et les moeurs de l’Orient commencent
à se mêler aux moeurs et aux costumes de l’Occident. Là aussi,
au milieu d’une végétation analogue à celle de nos climats, la nature
a semé quelques-uns de~c.es arbres magnifiques dont elle orne en si
grand nombre les climats méridionaux. Enfin, c’est encore en Grèce
que les animaux de l’Afrique et de l’Asie, le chacal, par exemple,
„viennent apparaître pour la première fois au milieu de la création
européenne. Ainsi cette poétique contrée, comme elle réunit en elle des
monumens de tous les âges, comme elle semble lier tous les temps par
son illustration antique et sa gloire moderne, réunit aussi en elle dés
représentans des créations locales de plusieurs contrées et établit un
lien entre les trois parties du monde des anciens.
Si l’on ajoute à cés considérations que la Grèce, berceau des lettres
et des sciences, le fut surtout de l’histoire naturelle, dont Aristote est
vraiment le créateur, et si l’on réfléchit que la connaissance des anij
. Thèbes n’est point entièrement détruite, mais elle ne forme plus qu’un simple village.
maux de la Grèce a été par conséquent le point de départ et le premier
fondement des meilleurs travaux exécutés par les anciens sur la
zoologie, on concevra l’intérêt que pourrait encore nous présenter la
Faune grecque, alors même qu’elle n’oflrirait à notre observation que
des êtres déjà étudiés avec soin dans d’autres contrées et parfaitement
connus. Il resterait toujours à les revoir, à les soumettre à un nouvel
examen, à rechercher et à déterminer les modifications qu’ils ont
pu subir sous le climat de la Grèce; et ce travail, quelque simple,
quelque peu intéressant qu’il puisse paraître, ne serait pas sans utilité
pour la' science.
' Telle est du moins notre conviction. Aussi, invité à présenter ici
quelques remarques sur les mammifères ët les oiseaux envoyés ou rapportés
de Grèce par la Commission scientifique, avons-nous accepté ce
devoir avec le même empressement que nous avons mis* Autrefois à
nous charger, dans deux ouvrages analogues1, de l’histoire d’un grand
nombre d’animaux nouveaux et remarquables de deux des plus belles
contrées de l’Afrique et de l’Asie.
i . Le grand ouvrage sur l ’Egypte et la partie zoologique du Voyage aux Indes orientales de
M. Bélanger.
III.1 *