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chemin couvert, plus ou moins droit, plus
ou moins circulaire ou tortueux , en raison
des circonstances locales et des obstacles
qu ont pu trouver les courans sur leur
route.
Mais dans ce cas, dira t-on, comment
concevoir que deux courans de lave, qui
peuyent, à la vérité, former, en se rapprochant
, une galerie, aient eu leur direction
assez égale, assez parallèle, pour
donner naissance à un canal, à peu près
uniforme par-tout, et dont le revêtement
intérieur a une surface plane ? Je pourrois
répondre que la chose peut exister, puisqu’on
en voit des exemples , et j ’ajoute-
rois que les naturalistes savent très - bien
que, dans les grandes éruptions, les lavés
ne coulent pas à la manière des métaux
fondus, cest-a-dire, avec la même fluidité
, mais comme une pâte épaisse ; que
1 air refroidissant les parties qui sont en
contact avec lu i, les force de se redresser
sur elles-mêmes : ce qu’on peut voir dans
plusieurs circonstances, où la lave bouillante
présente des faces coupées à pic,
cheminant lentement dans cet état, et se
prolongeant néanmoins à de grandes distances.
Ce qu’il y a de bien plus étonnant
encore, c’est qu’on voit quelquefois de
semblables courans se diviser en deux portions
, et couler ainsi en manière de deux
bras de rivière, à l’approche simplement
d’un corps qu’ils pourroient renverser ; tel
qu’un massif de pierre, quelquefois même
d’une rhaison. Le chevalier Hamilton
a très - bien observé et fait connoître ce
phénomène étonnant dans ses belles descriptions
des éruptions du Vésuve.
D’autres causes peuvent concourir encore
à rendre réguliers et unis les parois
intérieurs d’une, galerie formée par deux
courans parallèles de lave.
Le volcan n’a qu’à être sous-marin, par
exemple, ou simplement dans le voisinage
des mers, et ceux qui sont en activité
y sont presque tous placés : alors deux
courans de lave, cheminant ensemble,
n’ont qu’à atteindre l’eau et s’y prolonger
à une certaine distance ; le refroidissement
prompt, la résistance du fluide, ou une
vase épaisse et profonde qui se rencontre
sous les eaux, ou enfin un banc de sable