de lin ; Ton y fait de fort belles choses en *
ce genre. J’ai vu les métiers propres à fabriquer
de très-grands draps de lit d’une seule
pièce, à l’aide de navettes fixées sur des
roulettes. Une paire de draps de cette
sorte , en toile fine , coûte cent cinquante
à cent soixante livres argent dé France.
J’achetai dans une manufacture de linge
de table une douzaine de petites serviettes
avec une nappe pour le thé ; elles
étoient fort belles et me coûtèrent quatre
louis; j’étois bien aise de les apporter en
France pour servir de modèles.
L’on me fit voir très-mystérieusement,
chez un riche fabricant en toile fine , un
instrument aussi ingénieux qu’utile pour
reconnoître, avec la plus grande précision,
la finesse d’une toile.
C’est une sorte de petit microscope d’une
grande simplicité , qui, au li^u d’avoir
un porte-objet, n’a qu’un trou rond de
trois lignes de diamètre au plus ; la loupe
ou lentille correspond à cette ouverture
circulaire dans la distance du foyer. On
appuie l’instrument sur la toile, et la lentille
grossissant les fils , on compte le nombre
qu’il y en a dans l’espace qu’occupe
l’ouverture ; il est évident que plus le nombre
en est grand, plus la toile est fine.
On distingue également par-la si le fil est
trop plat. En un mot, l’ouvrier à qui l’on
fait connoître l’instrument, en s’en servant
devant lui lorsqu’il rend une toile qui doit
lui être payé pour fine, n’a aucune excuse
légitime lorsqu’elle est trouvée plus
grosse, et qu’on le lui démontre en lui
faisant compter les fils. On est venu à
bout par-là d’accoutumer les tisserands à
une grande précision.
Les marchands en gros se servent également
de cet instrument dans leurs achats;
et voilà pourquoi ils ne sont pas bien aise
que tout le monde le connoisse ; parce
qu’ils ont, par ce moyen, un degré de
certitude de plus dans leur opération , que
ceux qui sont obligés de choisir a l’oeil nu.
J’apportai un de ces instrumens en France
; il y fut bientôt multiplié.
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