geur, qui, étonné d’apprendre qu’un François
se trouvoit seul dans un lieu aussi désert
, demanda à me voir.
C’étoit un jeune officier anglois qui ve- „
noit attendre à Oban une occasion favorable
pour se rendre à l’île de Sky , sa patrie.
Il se noramoit Mac-Donald, et avoit fait
ses premières études à Paris, au collège des
Ecossois 5 il parloit passablement la langue
françoise, et ne manquoit pas d’instruction.
Sa présence fut une heureuse et agréable
rencontre pour moi : je lui fis part du
motif de mon voyage, de mon départ prochain
pour l’île de M u ll, où des compagnons
de voyage m’âttendoient pour aller
visiter la célèbre caverne de Fingal^ dans
l’île de Staff a.
M. Mac-Donald me répondit, que, quoique
son pays natal ne fut guère éloigné de
cette île, et qu’il eut entendu souvent parler
de la grotte du pèred’ Ossiany son éducation
en France et ses voyages ne lui avoient
pas encore permis de visiter un lieu aussi
remarquable 5 mais que si je voulois lui permettre
de m’accompagner, il saisiroit avec
empressement l’occasion d’y venir avec
moij qu’il pourroit même avoir le plaisir de
m’être utile dans le pays, sachant la langue
erse ou celtique, la seule en usage
dans les îles Hébrides.
J’acceptai avec d’autant plus de plaisir
et de reconnoissance les offres obligeantes
de M. Mac-Donald, qu’elles partoient d’un
homme de bonne compagnie, et qu’elles
étoient assaisonnées d’un ton de franchise
et d’affabilité qui me prévint en sa faveur j
il pouvoit d’ailleurs me procurer des facilités
dans l’île de Mull, où il connoissoit
plusieurs personnes , particulièrement M.
Mac-Liane, pour qui le duc d’Argille m’a-
voit donné des lettres. Nous n’attendîmes
donc plus que le bateau qui devoit arriver
, et qui entra dans le port dans la nuit
du s3 septembre.
Tout l’équipage consistoit en deux pêcheurs
de l’île de Sky, yêtus à la manière
des Hébridiens 5 c’est-à-dire, dans le costume
des montagnards écossois ; notre embarcation
n’avoit ni ponts, ni agrès, elle
étoit de la plus mauvaise construction et
traînoit après elle un petit canot, propre à
recevoir tout au plus quatre personnes.
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