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de toute autre maniéré , dans les accou-
chemens laborieux. JVL. Aitken m’a assure
en avoir obtenu les plus grands succès.
Comme on ne doit rien négliger de tout
ce qui peut intéresser l’bumanité souffrante
, je priai M. Aitken de vouloir me
permettre de faire faire un instrument semblable
pour l’apporter en France comme
modèle, et il eut la complaisance de me
procurer le meilleur de ses ouvriers, qui
en peu de jours en exécuta un très-parfait,
que je me proposai de faire examiner
a Paris, par de célèbres accoucheurs.
1M. Aitken me fit voir un fusil à un seul
canon qui tire deux coups ; mais en admirant
son génie inventif, je ne pus m’empêcher
de lui dire que j’aimois beaucoup
mieux voir un aussi habile chirurgien que
lu i, s’occuper de l ’art de guérir que de
celui de détruire.
J eus le plaisir, quelques jours après ,
de dîner chez le docteur Cullen, le plus
âgé peut-être, et à coup sûr un des plus
célèbres médecins de l’Europe ; la médecine
lui a de grandes obligations, et la
ville d Edinburgh n’oubliera pas que la
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réputation de Cullen a attiré dans ses murs
une multitude d’étrangers , qui venoient
de toutes les parties du monde s’instruire
a cette savante école.
Le docteur Cullen étoit entouré d’une
famille nombreuse , formant autour de lui
un cercle d’amis , et d’amis fort gais, fort
aimables j tout respiroit dans cette maison
la bonhommie et l’aménité. Il méritoit
tous ces avantages, parce qu’il étoit lui-
même d’un commerce très - agréable. Je
lui trouvai, dans sa manière d’être, quelques
rapports avec Buffon : oe qui me le
rendit doublement intéressant. Sa table
etoit fort bien servie , quoique sans luxe 5
je fus cependant un peu étonné après le
desert, et avant le thé et le caffé, de voir
apporter du punch à profusion.
Ce régime, chez un médecin de cette réputation
, me parut un peu étrange 5 il s’en
apperçut et me dit en.riant que cette boisson
étoit non-seulement convenable à son
âge, mais qu’une longue expérience lui
avoit démontré que, prise avec modération,
elle étoit salutaire aux habitans de
1 Ecosse, particulièrement vers la fin de
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