C H A P I T R E V. '
Séjour chez JM. Mac-Liane, Usages et
moeurs des habitans de l ’ île de Mull.
M. Mac-Liane de Torloisk a fait construire
une habitation commode et d’un
goût moderne, mais sans faste, dans laquelle
il règne une grande propreté à côté
d’une simplicité décente.
La vue de sa maison domine sur la mer
et a pour perspective les îles d’Ulva et de
Gommetra, celles de Staffà, de Jona et
une foule d’écueils qui rendent cette mer
dangereuse.
Cette maison est située sur un plateau
aride , isolé, sans arbres et sans verdure ;
aussi, pour se procurer un petit jardin potager
, M. Mac-Liane a-t-il été obligé de
miner et creuser la roche volcanique, sur
laquelle il a fait transporter de la terre :
il me fnontroit les travaux difficiles et dispendieux
qu’il avoit exécutés en ce genre.
Lorsque je lui demandai pourquoi il lais-
soit subsister sur cet emplacement une
espèce de grande hutte en pierres sèches ,
couverte de chaume ou plutôt de bruyère ,
et éclairée par deux petites lucarnes étroites
, qui permettoient à peine au jour d’y
pénétrer.,
« C’est-là, me répondit avec empresse-
« ment M, Mac - Liane, où. je suis né ;
« c’est - là l’ancienne habitation de mes
« pères : je respecte infiniment ce mo-
cç deste emplacement , qui me rappelle
« leurs vertus et leur vie frugale. » Cette
réponse peint mieux le paractère de cet
homme estimable que tout ce que je pour-
rois en dire; et il est bon d’observer que
M. Mac-Liane a de la fortune, de la naissance
, qu’il a servi, fait des voyages de
long cours , et qu’il a l’usage du monde
; mais il a préféré le sol natal et la
vie agricole à celle de Londres et d’Edin-
burgh, et aux plus fertiles campagnes de