hausse de quarante pieds sur le niveau de
l’eau dans les moyennes marées.
Il est bien difficile sans doute de concevoir
comment des laves ont pu en coulant
former un mur aussi élevé , aussi régulièrement
construit, détaché de toute autre
masse, et uniquement formé de prismes
a pans divers, placés horisontalement les
uns a côté des autres , avec un tel ordre,
avec une sorte de symmétrie si parfaite ,
que la main du plus habile appareilleur
n’auroit jamais l’art de les placer aussi
adroitement.
Cependant ce problème qui présente de
grandes difficultés, trouve, sur les lieux
mêmes , quelques moyens de solution dus
à des circonstances particulières , très-
propres à donner des idées sur la manière
dont la muraille prismatique a pu être
formée.
Il ne faut se transporter pour cela qu’à
quarante pas de distance vers la partie sud-
sud-est du cirque du côté de la mer ; c’est-
là qu’on découvre deux faits qui servent à
expliquer cette théorie remarquable. Je me
félicite d’avoir fait de longues stations sur
les lieux, et d’avoir parcouru avec soin tous
les alentours de ce singulier monument
volcanique , car sans cela cette importante
observation m’eût échappée.
Deux grandes excavations naturelles
formées dans la lave même , dont 1 une à
vingt-deux pieds de profondeur, seize piedà
de largeur et cent quarante - six pieds - dé
longueur ; l’autre quatre-vingt-cinq pieds
de longueur , dix - neuf de largeur, et
vingt - un de profondeur moyenne, semblent
avoir été placées là à dessein, non
loin l’une de l’autre, pour inviter l’observateur
à venir y apprendre la maniéré
dont la nature sait opérer lorsqu’elle cons-
truit de pareilles murailles.
Qu’on se figure pour un moment deui
courans de lave d’une épaisseur considérable,
qui, dans le tems d’une grandè
éruption ont coulé parallèlement l’un à
côté de l’autre, en laissant entre eux un
intervalle de quelques toises ; ce cas n’est
point sans exemple, à l’Etna, au volcan
de l’île de Bourbon, et ailleurs : il
résulte de ces deux courans une galerie
longue et profonde, une espèce dé