
soleil, ayant entendu un bruit semblable
à celui d’un grand coup de vent, il se
mit à la fenetre, et vit à sa grande surprise
l’eau du lac qui quittait ses bords,
comme si elle eut cédée à l’impulsion d’un
souffle violent ; mais que le tems étant au
plus grand calme, son étonnement fut sans
bornes.
Machenzie m’ayant raconté ces détails,
qu’il tenoit lui - même du paysan, je demandai
a parler a cet homme j on alla
chez lui pour le faire venir , mais il étoit
parti pour un village éloigné de six milles.
Ne l’ayant donc pas entendu moi-même,
les détails que je rapporte ne peuvent
pas être regardés comme un fait certain;
les paysans étant, en général, très-portés
pour le merveilleux, le bruit qui, d’après
son récit, précéda le mouvement de flux,
me paroit, sinon apocryphe, du moins
douteux. Machenzie fut de mon sentiment.
Ce dernier, continuant son rapport, me
dit qu’il ne fut averti du mouvement extraordinaire
du lac qu’à dix heures du
jour où il commença à se manifester. Il
se rendit sur-le-champ au bord du lac,
et y resta au moins une heure et demie
en observation , portant la plus grande attention
à l’examen des choses : il vit pendant
ce tems-là très-distinctement l’eau se
reculer et revenir ensuite sur le bord dix
fois de suite ; ce qui eut lieu de même
pendant toute cette journée.
Il me faisoit part de toutes ces circonstances
au bord du lac où je m’étois transporté
sur l’emplacement même où il étoit
lorsqu’il faisoit ses observations ; il me
montra une grosse pierre qui étoit bien
avant dans l’eau, le lac s’étoit reculé jusqu’à
cette pierre.
Comme le lac n’a guère que trois pieds
de profondeur moyenne dans cette partie,
je fis mesurer avec soin l’espace qu’il
y avoit depuis la pierre jusqu’au rivage,
et nous trouvâmes qu’il avoit cent soixante
pieds de France 5 mais John Machenzie
eut l’attention de me prévenir qu’à l’époque
où l ’événement arriva, les eaux du
lac étant un peu plus basses , elles étoient
moins avancées du bord actuel de huit
pieds ; ce qu’il me fit voir par un piquet