d’Oban, dans l’intention de faire le voyage
de l’île de Staffa, fut à peine arrivé
â Aros qu’il changea de vêtement : il
étoit en uniforme anglois, mais il fit ouvrir
ses valises, et je le vis paroître une
demie-heure après, et à ma grande surprise
, avec l’habit complet des habitans
des îles : manteau , soubreveste , saie ,
bonnet à plumes , brodequins , poignard
à la ceinture, rien ne fut oublié. J’avois
peine à le reconnoître dans ce costume 5
il me dit que c’étoit celui de ses pères,
qu’il ne paroissoit jamais autrement dans
les îles ; qu’il donnoit par-là une marque
d’attachement à ses compatriotes, à laquelle
ils étaient très-sensibles.
Nous ignorions que le chemin fut coupé
de ravines , de bruyères, de marais et de
montagnes d’un difficile accès et sans trace
de route, et nous partîmes sur nos petits
chevaux avec deux guides qui devoient
les ramener.
Tant que le jour dura, nous nous tirâmes
très-bien d’affaire : nos guides mar-
choient d’une telle vitesse qu’ils devan-
qoiçnt nos chevaux, qui alloient grand
train eux - mêmes. C’étoient deux jeunes
Hébridiens bien faits, légers et infatigables
, ne s’embarrassant ni des ruisseaux ,
ni des terrains inondés, ni des tourbières,
ni des montagnes ; j’ admirois leur
courage, leur gaieté et leur charmante
figure. Leur tête étoit parée d’un bonnet
militaire bleu, bordé d’un bourrelet rouge ,
vert et blanc, surmonté d’une seule plume
; ils portoient avec grâce un manteau
à carreaux de diverses couleurs , noué sur
l ’épaule droite et retroussé sur le bras gauche
; avec une veste et une saie de la même
étoffe ; la cuisse et la jambe étaient à demi-
nues, cellerci recouverte d’un brodequin de
couleur; une chaussure commode complétait
l’habit romain ; un poignard à la ceinture
leur donnoit un air militaire, et un
bâton à la main leur servoit à franchir
les ruisseaux.
Leur empressement à nous être utile,
les rendoit doublement intéressans ; ils
nous précédoient sans cesse pour nous indiquer
le chemin , et on les voyoit revenir
de tems à autre à nous , pour caresser
et animer les chevaux, ou nous de*
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