J’eus beaucoup de plaisir à voir ce savant
estimable au milieu de ses livres, de
ses fourneaux et de ses instrumens de physique
, entouré d’une femme instruite,
d’une demoiselle aimable , et dans une
charmante habitation où tout respiroit la
paix et le bonheur.
J’eus encore l’avantage le lendemain
de revoir M. Priestley chez M. Watt,
où nous fîmes un repas agréable avee
des savàns aimables et très-instruits. M.
Watt est un homme à grandes conceptions
j la üaturé l’a doué d’un excellent
esprit et d’tinè forte tête > ét il joint à de
si heutèusés qualités un caractère doux et
liant qui le rend très - recoiumandable et
llti mérite l’attachemeilt de ceux qui le
voient, même pour la première fois.
à quinze mille louis ; mais comme un philosophe qui doit fuir
l ’intrigue et chercher le repos , ne doit pas s’exposer à courir
de pareilles chances , il s’est retiré dans les Etats-Unis da
l ’Amérique. Livré dans cet asyle à ses goûts et à la continuité
de ses. travaux , espérons qu’il les suivra avec le même zèle, •
et qu’il réparera, du moûts en partie, la perte de ses derniers
manuscrits.
M. Watt nous fit voir un moulin à bled
qu’il venoit de faire construire, et dont
le moteur est une machine à feu. L’application
de ce principe au mécanisme
d’un moulin eat une idée heureuse qui peut
présenter de grands avantages à un pays
dépourvu d’eam et riche en mines de charbon.
Ce premier pas conduit à d’autres,
et bientôt une multitude d’usines pourront
être mises en activité d’après ce prin-
cipe (i).
M. Watt est si familiarisé avec les grandes
inventions, il est si versé d^ns la haute
mécanique , et a si fort perfectionné les
(1) On a depuis cette époque fait de semblables moulips
avec succès à Nantes, on en a fait à Paris, on va même y
frapper la monnoie avec ce moteur. L ’art des pompes à feu
en France a reçu sa première impulsion des frères Periers , h
qui on en a l ’obligation et qui joignent ¿1 beaucoup d’activité
une très * grande intelligence ; mai? ces belles et utiles
machines ne produiront l’effet qu’on en attend , et n’arriveront
au point de perfection où elles sont en Angleterre,
que lorsque le gouvernement s’occupera sérieusement des
mines de charbon, et n’attendra pas l’instant où la nécessité
l ’y contraindra ; ceux qui connoissent l’épouvantable
état de nos forêts savent que ce moment presse ; ceux
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