
C H A P I T R E I I I .
Voyage à Vîle de Staffa.
L i lendemain, à quatre heures du matin
, un de nos matelots vint nous avertir
que le tems paroissoit se mettre au beau ;
qu’il étoit probable que nous aurions une
belle journée. Nos dispositions étoient fai-
tes dès la veille ; nous fûmes bientôt prêts,
et rendus au bord de la mer avant le lever
du soleil.
Nos rameurs étoient quatre jeunes Hé-
bridiens détermines , qui sembloient faire
ce petit voyage avec plaisir, car ils aiment
tout ce qui leur rappelle Ossian 5 ils
paroissoient très - contens et honorés de
conduire des étrangers à la grotte de Fin-
gai $ nous portions d’ailleurs de quoi les
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faire rafraichir 5 car, voulant prévoir les
événemens, nos provisions étoient abondantes.
Le bateau étoit très-petit, incapable même
de porter une voile. Nos quatre matelots
se placèrent sur leurs bancs , M.
Mac-Donald saisit le gouvernail, William
Thornton et moi nous nous assîmes sur
une botte d’herbes marines, et nous partîmes
sous les auspices du génie qui préside
aux sciences naturelles, à qui nous
fîmes une petite invocation.
Nous ne restâmes guère qu’une heure
et demie pour doubler la pointe de l ’île
Ulv a y qui fait face à celle de Mull
du côté de Torloisk, d’où nous étions
partis. Nous entrâmes en grande mer, et
nous trouvâmes que, dans ces parages,
l’antique et majestueux Océan n’a pas besoin
d’être agité par les aquilons, pour
se balancer et se développer en grandes
lames.
Chemin faisant, nous reconnûmes les
îles volcaniques de Bacabeg3 du Bonnet-
Hollandois 3 celles dé JLunga 3 Sky _, Go^
metra 3 Jona3 etc.
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