verts , car on voit de toute part des fours
en activité.
Je cherchois vainement les habitations
et les maisons de tant d’ouvriers et de leurs
nombreuses familles , sans pouvoir découvrir
la moindre chaumière 5 lorsque je
m apperçus tout à coup que la peuplade entière,
à l’exemple des taupes, vivoit sous
terre ; la comparaison est juste, car il no
faut pas croire qu’un seul de ces hommes
fut logé dans une maison ou même dans un
trou de rocher; ils avoient préféré de creuser
leurs demeures dans des amas de cendres
et de chaux de rebut, qui formoient
autant de petits moticules, ou, si l ’on aime
mieux, de taupinières.
Les ouvriers se sont creusés des loge-
mens souterrains dans ces anciens amas
de cendres et de chaux en poudre, consolidés
par les pluies, qui en ont fait une
sorte de ciment solide, impénétrable à
1 eau, tant l’épaisseur des voûtes naturelles
est forte. Comme ces massifs sont faciles
à creuser, ces familles ont su très-
bien se garantir du froid et de l’humidité,
en s enfonçant, et même en s’adossant contre
les fours à chaux qui leur communiquent
de leur chaleur.
La plupart de ces habitations ont trois
ou quatre pièces , presque toutes de forme
ronde afin de leur donner plus de solidité 5
elles sont éclairées par le côté, lorsque la
position le permet, où simplement par la
cheminée, qui est un trou rond au haut
de la voûte pour laisser passer la fumée ; ils
établissent aussi des ouvertures en forme
de lucarne à la porte de leur hutte, pour
recevoir un peu de lumière. Ainsi, lorsqu’à
l’heure des repas tous les ouvriers
sont entrés dans leurs tannières, et qu’on
voit s’élever de terre cette multitude de
petites colonnes de fumée qui sortent par
des trous, l’on croit voir un grand village
de Laponie. J’ai eu beaucoup de plaisir
a rendre visite à ces espèces de troglo-
dites. Il faut qu’ils ne s’enrichissent pas à
ce metier, puisqu’ils ne peuvent se donner
la plus petite aisance, et qu’au milieu des
pierres et de la chaux ils n’ont pas pu construire
encore un mur.