l i a V o y a g e e n E c o s s e
journée : je profitai de ce tems pour eti-
quetter mes pierres, et mettre en ordre
mon journal.
Le jour suivant, le tems fut moins pluvieux
, mais la mer fort grosse ; nous f î mes
quelques incursions dans les environs
, et nous vîmes, à un demi-mille de
l ’hôtellerie, un banc de pierre calcaire,
attenant à une couche de grés, encastrés
l ’un et l’autre dans un courant de lave.
A peu de distance de là , j’apperçus une
grande colonne brute en pierre de grés,
couchée par terre et rompue par le milieu
; je la mesurai, elle avoit vingt - un
pieds de longueur. Notre hôte, qui nous
accompagnoit, ne manqua pas de nous
faire admirer cet antique monument ; il
n’y a jamais eu qu’Ossian, nous dit-il très-
sérieusement qui ait pu manier une aussi
énorme pierre ; le tems ou quelque tremblement
de terré l’ont renversée, et personne
dans l’île n’est plus en état de la redresser.
Le a , le tems fut pluvieux toute la matinée
y vers le soir , il se remit un peu au
beau, M. Andreani, qui s’ennuyoit dans
une
une solitude aussi triste et dans un gîte
aussi mauvais, voulut profiter d’un moment
de calme pour traverser le canal, et
nous dit qu’il nous attendroit à Oban. Un
seul petit canot, en mauvais état, monté de
deux rameurs, qu’on pouvoit considérer
comme des enfans , car le plus âgé n’avoit
guère plus de quatorze ans , formoit toute
la marine du lieu. Le vent étoit au variable
et la mer peu tranquille. J’eus beau lui
représenter qu’il valoit mieux attendre jusqu’au
lendemain , rien ne put le retenir 5
il s’embarqua à quatre heures et demie
avec deux domestiques, et nous dit qu’il
coucheroit dans un bon lit , et feroit un
meilleur souper que nous, à Oban chez
les frères Havenson , où il espéroit arriver
à sept heures du soir.
Moins hardi que lu i, et plus sage peut-
être, j ’engageai William Thornton à rester
avec moi à Ashnacregs , jusqu’à ce que
la mer fut plus belle. Nous souhaitâmes
donc un bon voyage à notre ami, et nous
le suivîmes des yeux le plus long-tems que
nous pûmes. Nous allâmes ensuite gagner
à pas lents notre chétive et triste habita-
Tome II. H