sans intérêt ; mais les moulins à coton',
qui ont fait la richesse de cette ville,
étoient un objet digne de piquer notre curiosité.
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Cependant, malgré le désir qu’on avoit
de nous obliger, il ne nous fut jamais possible
de voir la moindre chose en ce genre
; toute tentative eût été vaine ; car la
vigilance des fabricans avoit redoublée depuis
qu’ils s’étoient persuadés qu’un colonel
françois, venu quelque tems auparavant
dans cette ville, avoit eu le projet
de se procurer des plans de ces machines
pour les faire exécuter en France. Nul
étranger, depuis cette époque , nul cL
toyen de la ville un peu éclairé ne peut
avoir accès dans ces sortes de manufactures
(1).
Les plus considérables de ces moulins à
coton sont mus par l’eau : l’ouvrage qui s’y
(1) La machine à carder le coton étoit déjà passée en France
à cette époque, où elle étoit en usage ; les moulins ne
tardèrent pas à y être apportés par un Anglois intelligent,
qui disputoit à Arhwright le mérite de l’invention ; ces mou-
Mus ingénieux se sont multipliés depuis lors dans plusieurs
fabrique
fabrique est si perfectionné et fait avec
tant d’économie , que ceux qui les premiers
ont possédé ces moulins ont acquis
une grande fortune 5 Arhwright, qui les
a inventés , n’étoit qu’un simple barbief de
Manchester, il n’en a que plus de mérite
sans doute j il a eu le bon esprit de mettre
à profit sa découverte, en s’associant
avec des fabricans qu’il a enrichi, en faisant
une grande fortune lui-même.
Au reste, si je n’eus pas la facilité de
voir les moulins à coton , l’on me montra
du moins avec beaucoup de complaisance
les plus vastes magasins d’étoffes
fabriquées, soit en velours, soit en piqué ,
soit en basin, etc. : on développa les plus
belles pièces devant moi, on m’èngagea
même à jeter un coup-d’oeil sur les dessins.
Nous nous entretînmes de la partie chimique
des couleurs avec des hommes très-in-
telligens, et nous reçûmes les politesses les
départemens, où ils sont en activité , jusqu’à ce qu’il plaise
au caprice et à la mode de revenir à la soie , cette belle ec
somptueuse production de la France , qui employoït, tant de
bras et rendoit de si immenses revenus.
. Tome IL Y