Tête du taureau y où nous étions logés :
il nous fit payer pour deux dîners bien
mesquins', dix-sept shellings par tête ; plus
trois shellings pour les servantes, non compris
la nourriture de nos domestiques. De
pauvres étrangers n’ont rien à faire de
mieux, en pareil cas, que de payer. L’on
n’est pas plus èxempt de ces sortes d’exactions
en Italie , en Allemagne, en France
qu’en Angleterre j mais cela n’est pas général
, et est absolument étranger à l’esprit
national } la chose ne tient qu’à quelques
individus peu délicats et peu justes,
qui calculent mal leurs propres intérêts}
car bientôt ils discréditent eux-mêmes leur
maison et leur personne ; il est. très-difficile
de rendre de bonnes loix de police
à ce sujet. Une chose bien connue des
personnes qui ont l ’habitude des voyages
, c’est que les auberges où l’on est le
plus mal sont toujours çellçs où l’on est
le plus chèrement. Il faut, dans ce cas,
en attendait que l’on-.trouve quelque
moyen pour remédier à cet abus, que les
voyageurs,aient une bourse à part pour
les aubergistes voleurs, comme on en a
une en Angleterre pour les gentlemans #
qui volent sur les grands chemins, et à
qui l’on donne sans crainte, Comme sans
dangers, la rétribution qui leur est destinée
, lorsqu’on veut s’exposer à voyager
un peu tard. Au reste, j’ai traversé l’Angleterre
et l’Ecosse à deux reprises, et par
deux routes différentes, sans rencontrer
un de cés messieurs 5 et je n’ai été vexé
en tout que dans deux auberges , à Duns-
Hôtel à Edinburgh , et à la la Tête du
taureau à Manchester.
L’on compte vingt-quatre milles de cette
dernière ville à Buxton ; mais la route du
Derbyshire n’est ni belle , ni commode ;
elle traverse tantôt des montagnes pier-
reuses, tantôt de petites vallées humides
et boueuses ; et quoique les barrières y
soient multipliée.s et chères , les chemins
y sont en assez mauvais état} mais les postes
sont, en général, bien servies. Nous
partîmes de Manchester à sept heures du
matin et nous n’arrivâmes à Buxton qu’à
deux heures.
Buxton est un lieu recommandable par
ses eaux minérales} elles y attirent une
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