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de la nature. Ils entendoient merveilleusement
leurs affaires ceux qui, dans les
anciennes initiations, avoient eu l’adresse
de choisir des antres pareils : ce n’étoit jamais
que dans des lieux souterrains que
l ’on procédoit aux grands mystères.
Apres avoir entendu nos chanteuses, qui
disparurent subitement, nous nous remîmes
en route et marchâmes en avant dans
une galerie profonde. Nous venions d’entendre
des anges, il fallut aller faire un
petit tour en enfer, et notre maître de
cérémonies, J. Hall, jious introduisit dans
ce qu on appelle le Cellier du. Diable. On
y voit une multitude de noms écrits contre
les murs; je ne sais si ceux qui les ont signés
ont fait pacte avec le malin esprit, et si en
reconnoissance il leur a fait boire tout le
yin de sa cave ; mais ce qu’il y a de certain,
c’est que le cellier est. fort mal approvisionné.
Cependant, comme on n’entre
jamais au cabaret sans boire, sur tout
en Angleterre , M. Hall sortit sa petite
bouteille de la poche, avala un verre de
rhum , et nous offrit de boire après lui :
nous le priâmes de nous en dispenser} et
nous sortîmes de ce sombre manoir , qui
n’est qu’une grande cavité noircie par la
fumée des lampes et des torches.
A peine a-t-on quitté ce lieu , qu’on se
trouve tout à coup suMiie colline de sable
quartzeux j là il faut descendre par
un chemin rapide qui a cent cinquante
pieds de longueur , et qui s’enfonce de
plus de quarante pieds sous terre. A côté
de ce chemin sabloneux, et dans toute sa
longueur, est une excavation profonde,
une espèce de canal creusé par la nature
dans le roc vif; un grand courant d’eau
qui prend sa source dans des parties plus
lointaines , y coule en murmurant et va se
perdre ensuite dans des cavités où elle s’en-
gouffe avec fracas.
Ici J. Hall nous fit un petit tour de son
métier. Il nous annonça d’un ton emphatique
que cette petite rivière souterraine ,
malgré la privation de toute lumière, nour-
rissoit des poissons, mais à la vérité des
poissons noirs ; et pour prouver ce qu’il
avançoit, il descendit dans l’eau par un
passage étroit, plongea la main à diverses
reprises dans le courant de la rivière, et
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