sian î c’est-à-dire , que leur origine se perd
dans la nuit des siècles.
La maison de M. Campbell de Knock
est dans une position très - agréable , au
pied d’une haute montagne et dans le voisinage
d’un bras de mer très-poissonneux.
M. Campbell étoit alors à Oban ; mais
nous fumes reçus avec affabilité par la
maîtresse de la maison , qui nous présenta
du thé et du rhum. Nous la priâmes
bientôt après de vouloir nous procurer
un guide, pour diriger notre route
jusqu’au sommet du mont Benmore ; mais
son fils, âgé de dix*sept à dix-huit ans,
voulut nous accompagner lui - même : ce
jeune homme, vêtu dans le costume hé-
bridien et d’une fort agréable tournure,
nous offrit sur - le - champ des fusils, èm
nous disant qu’il avoit de bons chiens et
que nous trouverions certainement des
black-cocks (des coqs de bruyère) 5 car il
n’imaginoit pas que nous voulussions gravir
une aussi rude montagne pour d’autre
objet que pour le plaisir de la chasse ,
qu’il aimoit passionnément lui - même : il
fut donc fort étonné lorsqu’il me vit sortir
mes marteaux, et que je lui dis que
je venois observer les pierres ; il nous en
fit voir alors , très-près de sa maison , des
entassemens immenses , provenus d’un défrichement
considérable que son père avoit
fait faire au milieu des laves. Toutes ces
pierres, mises en éclats , servoient ensuite
à former des clôtures autour d ’un
terrain, conquis à force de tr a v a il, de
tems et de dépense : on ne sauroit trouver
une plus vaste collection de laves 5 j ’en
ferai bientôt mention.
Comme nous voulions être de retour le
•soir à Aros, nous ne perdîmes pas de tems
pour escalader les pentes rapides de Benmore.
Je n’ai jamais trouvé dans mes voyages
des Hautes-Alpes, autant de difficulté
qu’ici y une bruyère presqu’impénétrable ,
sur un fond imprégné d’eau, couvre la
base , le milieu et le sommet de la montagne
, faite en pain de sucre ; l’on ne
peut se tirer d’affaire qu’en suivant les petits
déchiremens que les eaux ont formés ;
et ces routes, étroites et rapides , sont
comme autant de filets d’eau au milieu
desquels il faut marcher : une bruyère