noire et touffue couvre d’un drap funèbre
les pierres qui pourroient intéresser
le naturaliste et adoucir ses fatigues ; pas
une plante, pas une mousse, tout ici est
étouffé par cette bruyère dévorante.
Les pierres que quelques ravines plus
considérables ont mis à découvert, et celles
que les gelées ont détachées, sont toutes
volcaniques 3 mais elles n’offrent aucune
variété : ce 6ont des laves compactes
d’un gris blanchâtre, mêlées de quelques
points de zéolite.
J’étois déjà parvenu à une grande hauteur
, lorsqu’ennuyé de ne voir que les mêmes
laves, et de ne rencontrer d’autres
plantes que cette fatigante bruyère, d’où
partoient de tems en tems quelques black-
cocks, que le jeune Campbell tuoit très-
adroitement, je pris le parti de ne pas
aller plus avant ; mais bravant tout et voulant
parvenir jusqu’au plus haut sommet,
"William Thornthon y escalada 3 les pierres
qu’il en rapporta n’offrirent aucune
variété. En tout, la montagne de Ben-
more , malgré son élévation et une certaine
ressemblance qu’elle a de loin avec le
Vésuve, ne vaut pas la peine qu’on prend
pour y arriver. Nous vînmes donc nous reposer
avec plaisir à Knock, où les laves
sont bien plus intéressantes et où j ’en fis
une collection. Nous prîmes ensuite congé
du jeune Campbell et de sà mère, malgré
les invitations pressantes qu’ils nous firent
de rester : nous étions attendus à Aros, et
nous nous y rendîmes.
Notre départ pour Ashnacregs fut fixé
à dix heures du lendemain. Cette route
, d’environ dix-huit à vingt milles, et
que nous étions bien aise de faire par terre
, nous raettoit à portée d’observer cette
partie de l’île 3 nous évitions par-là, d’un
autre côté, le passage du détroit orageux
de Mull 5 et une fois rendu à Ashnacregs,
nous pouvions, en nous embarquant, aller
le lendemain déjeûner à Oban.
Nous partîmes d’Aros à l’heure convenue
5 mais nous fûmes bien aise auparavant
d’aller prendre le thé chez MM.
Stuard d’Aros , qui nous y avoient invités.
Ces messieurs sont deux frères qui ont
une habitation commode, sur un côteau