la cathédrale et du palais voisin où rési-
doit 1 archevêque : ces deux vastes édifices
etoient construits sur un emplacement exhausse
, qui a vue sur la mer ; la maison
en etoit meme si voisine que les vagues
ont miné une partie des fondations.
La cathédrale,à en juger par ce qui reste,
non compris des chapelles attenantes et
une espece de cloître, ainsi que d’autres
accessoires qui l’environnent, a trois cent
quinze pieds de longueur sur soixante de
large : elle offre la plus extraordinaire et
la plus belle ruine qu’on puisse voir ; non-
seulement elle porte l’empreinte du tems
et de 1 abandon , mais elle réunit les traits
les plus prononcés d’une fureur fanatique
et religieuse, qui tenoit de la rage et de la
plus abominable frénésie.
Des tours de la plus solide construction
renversées ; des colonnes arrachées 5 de
grandes fenêtres gothiques tronquées et
comme suspendues en l’air ; des clochers
en pyramides de plus de cent pieds de
hauteur, dont la pierre est si solidement
ajustée que , ne pouvant les abattre ,
on les a percés à jour , et crenellés dans
tous les sens ; des escaliers en volutes pa-
roissent ne tenir a rien ; des autels renversés
et entassés les uns sur les autres, sous
des portions de voûtes conservées ; des
frises , des chapiteaux, des entablemens
brisés, confondus avec des inscriptions
funèbres et des sarcophages mutilés 3 des
débris de cloîtres, de chapelles, de portiques,
des colonnes encore de bout au
milieu de tant de destruction : telle est en
raccourci l’image que présentent ces vastes
ruines, qui saisissent d’etonnement et
glacent d’effroi celui qui les contemple
pour la première fois.
On ne sait d’abord si c’est un tremblement
de terre horrible , un long siège
ou une invasipn de barbares , qui ont occasionné
tant de dévastations. Une tour
carrée de cent huit pieds de hauteur f
d’une belle exécution et parfaitement conservée
, s’élève intacte et isolee a cote de
ces grandes ruines : on ne sait à quoi attribuer
ce contraste.
A cet aspect, l’on est bientôt entraîné
, comme malgré soi, dans des reflexions
tristes sur les maladies de l’esprit