des conjectures générales sur l'avancement
ou le reculement des mers. Ce n’est ici
qu’une circonstance purement locale, qui a
déterminé cet envahissement accidentel,
que je considère comme étranger à toute
théorie générale.
J’ai fait un examen attentif des lieux,
et j’ai reconnu quelques - unes des causes
qui ont concourues à tant de dégradations.
D’abord la facilité qu’on a eu de tout tems
de pouvoir se procurer ici des pierres, et de
tirer des blocs énormes de ces grés , lorsque
la mer, dans le tems du flux, laisse
cette plage escarpée à découvert, est une
cause qui n’est pas à rejeter, si l’on considère
que les matériaux immenses qui ont
servi à la construction de la cathédrale,
de plusieurs grandes églises, des cou-
vens, du château et des maisons de la
ville , bien plus nombreuses autrefois, ont
été tirés de cet escarpement. J’y ai vu moi-
même un grand nombre d’ouvriers employés
à extraire des blocs considérables
de pierres , pour des réparations qu’on
faisoit au môle.
D’un autre côté, la position des bancs,
ïa variété des matières qui les composent,
et leur dureté inégale, tendent à accélérer
les dégradations. La côte est si escarpée
que cette profonde excavation, depuis
les ruines du château jusqu’à la pointe
du môle , porte le nom de ^Précipice.
Les bancs de grés étant assis sur des
couches d’un schiste argileux , tendre ,
pyriteux et susceptible d’être délayé par
l ’eau , sont dans le cas de glisser et de
perdre leur à plomb. Les bancs supérieurs
en tombant ébranlent les autres. Cette
cause permanente de destruction , .jointe
à l’action des gelées, à celle de l’air et de
l ’alternative du sec et de l’humide, produisent
à la longue de terribles ravages.
Mais une chose remarquable et digne d’attention
, c’est que tous ces décombres ,
étant repris par la mer et livrés à l’action
terrible des vagues et des courans, se heurtant
les uns contre les autres , ou roulant
sur un fond dur et rabot eux , sont bientôt
réduits en poussière. Il en résulte des
dépôts considérables de sable, que la mer
rejette sur ses bords, pour en former des
bancs et même des dunes à l’aide des vents.
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