là assez lestement, et nous arrivâmes à
Killin avant la nuit.
Killin, qu’on regarde comme un bourg,
n’est dans le fait qu’un hameau composé
de quelques maisons dispersées à l’extrémité
du lac Tay ,* l’hôtellerie est simple,
mais assez bonne, et le maître de la maison
un homme fort complaisant. Nous vîmes sur
la cheminée d’un petit salon , quelques oiseaux
du pays qu’il avoit empaillés lui-
même avec assez de soin, parmi lesquels
étoit la gélinotte blanche, que Thorn-
ton acheta, ainsi que quelques côqs de
bruyère.
Nous allions nous mettre à table, lorsque
je fus étonné de m’entendre appeler
par mon nom ; l’étranger qui le pronon-
çoit demandoit à me parler. Je distinguai
à sa tournure et à son langage qu’il étoit
François ; sa figure in’étoit connue ; je
lui dis que je croyois l’avoir vu à Par
is , mais que je ne pouvois me rappeler
dans ce moment à qui j’avois l’honneur
de parler : « Je suis Bombelles, me dit-il ;
« je voyage, comme vous, pour mon plai-
« sir et mon instruction. Je vais gagner
« Port-Patrick , et m’embarquer pour l’Ir-
« lande. » C’étoit par un domestique qu’il
avoit appris que j’étois dans l ’auberge, ou
il arrivoit lui-même avec des chevaux et
une des voitures du comte de Breadal-
Bane , chez "qui il étoit allé passer quelques
jours.
Je n’avois jamais eu de liaison avec M.
de Bombelles ; mais deux François qui se
rencontrent à l’extrémité de l’Ecosse ont
bientôt fait connoissance ; nous avions
d’ailleurs des amis communs. Je jugeai,
par la carrière que suivoit M. de Bombelles
, par beaucoup de cartes militaires et
autres qu’il avoit avec lu i, que la diplomatie
et la politique etoient plus de sou
goût que les sciences naturelles et les arts,
et qu’il avoit probablement quelque mission
particulière, bien étrangère à l’objet
de mes études. Je dois cependant rendre
justice aux talens et à l’activité de M. de
Bombelles , et dire qu’il ne négligeoit rien
de ce qui pouvoit intéresser son pays ; j ai
été à portée d’en juger par quelques parties
ostensibles d’un journal très-bien fait,
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