server qu’on ne trouve aucune trace de
la langue écrite de ces peuples , ni dans
les monumens , ni dans les manuscrits ;
ce qui me fait présumer qu’ils consignoient
les événemens qui les intéressoient le plus
dans ces sortes de chants, qu’ils se transmettaient
avec facilité de race en race.
Les enfans accoutumés dès leur naissance
à entendre ces airs , et à y reconnoître
des intentions que leurs parens leur ex-
pliquoient, en conservoient des souvenirs
ineffaçables j ils devenoient sacrés pour
eux. Il ne faut donc pas être étonné s’ils
trouvent de si grands charmes à les entendre.
Ils ont une autre musique, plus
chantante, plus dans les règles de Part,
« particulière. Pendant que le musicien jcmoit, un vieillard
. m qui étoit à la table nous raconta que dans des tems recu-
« lés les Mac-Donald de Glengary ayant été insultés ou of-
« fensés par les habitans de Culloden , et ayant résolu d’en
« avoir justice ou d’en tirer vengeance , ils vinrent un di-
« manche à Culloden, où trouvant les ennemis au sermon,
h ils les enfermèrent dans l’église , à laquelle ils mirent en-
a suite le feu; et ce que vous entendez, d it-il, est l’air que
a la cornemuse jouoit pendant qu’ ils les brûloient. »
F o ja g e de Johnson , traduction françoise, page 104
dont ils font usage pour leurs danses et
pour leurs chansons j mais elle est pour
eux bien au-dessous de la première.
Le même air fut joué par autant de musiciens
qu’il y avoit de concurens, et ils
étoient en assez grand nombre. L’égalité
la plus parfaite régnoit parmi eux \ le fils
du laird étoit confondu avec le simple
pasteur, souvent de la même tribut, portant
le même nom et ayant le même costume.
Il n’y avoit ici de préférence que pour
le talent y j ’en jugeai par les vifs applau-
dissemens donnés à quelques-uns qui parurent
exceller dans leur art. J’avoue qu’il
ne m’étoit pas possible à moi d’en admirer
aucun ; je les trouvois' tous d’une égale
force , c’est-à-dire, aussi mauvais les uns
que les autres ; et l’air ainsi que l’instrument
me rappeloient involontairement
la danse de l’ours.
La séance fut terminée par une danse
vive et animée, formée par une partie
des musiciens, tandis que l ’autre jouoit
des airs analogues qui avoient du chant et
du caractère' \ mais la réunion de toutes ces