g4 V oyage en E cosse
en graisse : ce qui les rend d’un prix beaucoup
plus haut.
Un mouton anglois -, lorsqu’il est en bon
état, est vendu une demi - guinée, et souvent
douze shelins, sur les lieux ; le mouton
écossois ne se vend guère que de six à
sept shelins.
On vend ici la laine par pesée de vingt-
quatre livres ; ce poids déterminé se nomme
stone weight : on a pour six à sept she -
lins un stone weight. La livre est de seize
onces.
Pendant l’été et l’hiver, les troupeaux habitent
nuit et jour, en plein air, sur les
montagnes ou dans les vallées, et la grande
humidité du climat ne leur nuit en aucune
manière.
Jamais, on ne leur donne à manger pendant
l’hiver, lors même qu’il tombe de la
neige 5 il est vrai que dans ces îles , quoi-
qu’au nord, la neige n’y tient pas long-
tems. Cependant, par un cas rare, dans
l ’hiver de 1783 , elle couvrit la terre pendant
deux mois ; les moutons broutoient
alors les sommités d’une haute bruyère qui
perçoit au - dessus de la neige , et qui
abonde dans le pays : ces pauvres animaux
eurent beaucoup à souffrir de ce long hiver
, et devinrent fort maigres ; mais il en
périt beaucoup plus par accident que par
inaladie, et l’herbe une fois découverte,
ils se tirèrent très-bien d’affaire et s’engraissèrent
comme à l’ordinaire.
On sépare avec attention les beliers des
brebis au mois de septembre, et on ne les
rend aux troupeaux que le 20 du mois de
novembre, afin que les agneaux n’arrivent
qu’à la belle saison.
Lorsqu’une brebis a mis bas , elle
prend soin de son agneau sans que personne
s’en occupe j le berger qui vient de
tems en tems visiter son nombreux troupeau
, pour l’empêcher de s’écarter trop
ou de s’exposer sur des pentes trop rapides
, voit les jeunes agneaux, qui suivent
bientôt leurs mères et qui mangent l’herbe
nouvelle.
C’est au troisième mois que les agneaux
sont séparés des mères ; iis peuvent s’en
passer alors , et l’on en forme un troupeau
, qu’on met en réserve dans des enclos
particuliers sous la garde d’un berger.