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mander si nous avions besoin de leurs services.
Ils étoient ravis et glorieux de voir un
homme de distinction vêtu comme eux ;
ils en témoignoient leur satisfaction , en
s’approchant, avec un visage riant, de M.
Mac-Donald, et en lui disant, dans leur
langage expressif^ qu’ils le suivroient au
bout du monde (1).
La nuit approchoit,etnous étions à peine
à mi-chemin de la maison où nous devions
nous rendre ; nos guides, nos chevaux, ralentirent
bientôt leur marche $ la route de-
(1) Johnson fait aussi, dans son Voyage en Eco&se, l’éloge
de deux montagnards qu’il loua pour lui servir de guides dans
la route à' Inverness.
« Nous prîmes, d it- il, trois chevaux à Inverness , pour
a nous et un domestique, et un autre pour porter notre
« bagage qui n’étoit pas très-considérable : nous louâmes en
« outre deux montagnards pour courir devant nous , tant
« pour nous montrer le chemin, que pour éloigner de la
« mer les chevaux dont ils étoient les propriétaires. L ’un
« de ces montagnards étoit un homme fort agile ; son cama-
« rade disoit de lui qu’il pourroit lasser tous les chevaux de
« Y Invernessshire : ils étoient tous deux polis et prévenans ;
« la politesse semble faire partie du caractère national des
n montagnards. »
f
vint détestable, et nous fûmes obligés de
mettre souvent pied à terre, tantôt au
bord des marécages, tantôt dans des bruyères
dont nous avions bien de la peine à
nous tirer. Nous perdîmes absolument le
fil de la route. La nuit étoit si obscure
que nos chevaux s’abattirent plusieurs fois
et que nos guides se trouvèrent en peine
eux-mêmes \ enfin , après avoir erré long-
tems à l’aventure, nous apperçûmes une
lumière sur un lieu élevé, où nous dirigeâmes
nos pas : c’étoit le château de Tor-
loisk, où nous arrivâmes à onze heures
du soir, excédés de fatigue, d’ennui et
d’incertitude.
Nous reconnûmes , en entrant, que
nous étions enfin dans le lieu de notre
destination ; un domestique, qui parla
à nos guides, leur dit que M. Mac-Liane
n’étoit pas encore couché, et qu’on m’at-
tendoit depuis plusieurs jours avec impatience.
Nous fûmes introduits dans un sallon,
où je trouvai M. Mac-Liane, à qui je remis
la lettre que m’avoit donnée le duc
d’Argille $ il me reçut avec le plus grand
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