Ce respectable philosophe voulut encore
nous accompagner et faire quelques milles
avec nous.
J’avois parcouru, pendant mon séjour
chez M. Mac-Liane, les collines volcaniques
voisines de sa maison , et je poussois
mes courses de droite et de gauche tout
le long de la côte, dans la partie où la
mer a mis à découvert de grands escarpe-
mens, propres à faire connoître la structure
de ces courans de matière jadis en
proie à des feux souterrains : j ’en ferai
mention, dans le chapitre qui aura rapport
à la minéralogie de cette île.
Nous partîmes, montés sur nos petits chevaux
à demi-sauvages, et nous nous rendîmes
le même jour à Aros , où nous séjournâmes
le lendemain dans une mauvaise station
, où nous ne trouvâmes que de la farine
d’orge , avec laquelle on'nous prépara de la
bouillie au lait, un peu de saumon fumé et
quelques pieds de moutons ; point de bierre
ni de vin , mais du whisky qui excorioit la
gorge,et par-dessus tout de mauvais lits.Notre
hôte étoit cependant un bon homme, qui
avoit fait des efforts incroyables pour nous
bien recevoir $ cela nous satisfit : il nous
fit même espérer quelques poissons frais
pour le lendemain.
Mes compagnons en profitèrent, car
quant à moi, je résolus d’aller au lever
du 6oleil visiter la haute montagne de
Kenmore ; William Thornton , qui prenoit
goût à l’histoire naturelle, voulut m’accompagner.
On ne compte guère que trois milles d’A-
ros à Knockj par une route assez bonne,
semée de paysages pittoresques, mais dans
un genre un peu sauvage.
Nous vîmes , sur un grand pâturage au
fond d’une petite vallée baignée par la
mer, une de ces colonnes connues sous
le nom de karn > dont je ne pus prendre
les dimensions, car la prairie étoit
couverte d’eau dans ce moment ÿ mais je
jugeai, à vue d’oeil, qu’elle pouvoit avoir
quatorze à quinze pieds de hauteur ; elle
me parut de pierre de grés. L’on est
toujours étonné de voir combien ces antiques
monumens sont communs dans les
Hébrides et dans l’Ecosse ; la tradition populaire
les fait tous remonter au tems d’Os-
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