
beau tems le lendemain, effacèrent en partie
les impression s de la veille. La mer n’é-
toit pas encore navigable : que faire alors ?
s’occuper , c’est le plus sûr moyen de chasser
l’ennui.
Je fis donc, au lever du soleil, une de
ces promenades dont on retire toujours
quelques fruits, soit pour l’instruction ,
soit pour la santé, et dont je me trouve
toujours bien quelque part que je voyage.
J’avois apperçu, dès la veille de mon
arrivée à Ashnacregs , un grand rocher
noir taillé à pic et comme isolé , qui
avoit fixé mon attention. Je soupçonnois
que ce pourroit être une colonnade de
basalte ; je voulus donc m’en assurer,
et j’arrivai , après un mille et un quart environ
de marche, au pied d’un des plus
étonnans ouvrages des feux volcaniques,
que j’eusse encore été dans le cas d’observer.
C’étoit une espèce de cirque , dans le
genre antique , formé par des murs naturels
de basalte, élevés verticalement, avec
une telle régularité qu’on a de la peine,
au premier aspect, à se persuader que
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ce ne soit'pas l’ouvrage de l’industrie et
de l’art 3 mais quelle que puisse être la force
humaine, aidée des moyens mécaniques,
jamais elle n’eût pu placer des masses aussi
énormes 5 et tout ici est le fruit d’un grand
incendie , qui, au lieu de détruire , a produit
des résultats analogues à l’art de
créer.
Ce grand monument de la nature excita
ma juste admiration, et même mon
enthousiasme 3 je ne pouvois me lasser
de le contempler, et je restai plus de
deux heures à le voir , a l’étudier, à l’observer
de nouveau, sous ses divers points
de vue. J’allai chercher ensuite mes compagnons
, qui furent ravis de la découverte
, et qui n’admirèrent pas moins que
moi ces grandes murailles basaltiques isolées
, qui s’élevoient hardiment 'et avec
beaucoup d’à plomb , autour d’un espace
circulaire , formant une arène propre à des
courses ou à des jeux dans le genre antique.
Une chose non moins curieuse encore,
c’est que les accessoires qui accompagnent
ce singulier produit des feux souterrains,
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