qui puissent donner un écoulement aux eaux, ou an
moins en diminuer la hauteur, si on ne peut tout-à-fait
s en debarrasser. On doit toujours commencer l’exploitation
par le fond de la vallée.
On enleve ensuite à la bêche ordinaire la Tourbe
superficielle et fibreuse ; et comme elle est la moins estimée
, on en forme de gros parallélipipèdes. Ija Tourbe
compacte se coupe en petits parallélipipèdes avec une
bêche particulière, nommée louchât dans le département
de la Somme. Cette bêche a une oreille coupante pliée à
angle droit sur le fer principal. Au moyen de cet instrument,
on coupe la Tourbe sur deux sens à-la-fois.
Quand les fosses sont devenues trop profondes pour
qu’on puisse en épuiser l’eau par des canaux, par des
seaux , ou par tout autre moyen économique , on
ramasse la Tourbe au fond de l ’eau avec un instrument
nommé drague. On obtient alors de la Tourbe en bouillie
qui est moulée tantôt dans des moules semblables à
ceux qui servent pour faire les briques, tantôt par le
procédé qui va être décrit.
On se sert aussi pour exploiter la Tourbe, d’une boîte
don t les bords inférieurs sont coupans : on l’enfonce dans
la Tourbe avec force, et on enlève de grandes masses de
ce combustible à-la-fois. Cet instrument a l’avantage
d’enlever la Tourbe sous l’eau.
On a souvent trouvé plus utile , en Hollande, de mouler
la Tourbe, quel que soit l’état sous lequel on l’ait
extraite. Cependant on ne peut mettre ce procédé en
usage que sur la Tourbe compacte , composée de végétaux
entièrement décomposés, et ne contenant aucune
pierre. On extrait au louchet ou à la boîte la Tourbe
susceptible de s’exploiter ainsi ; on la jette dans un
baquet avec un peu d’eau ; on la pétrit avec les pieds,
et on la réduit en une bouillie que l’on répand sur le
bord*incliné et herbeux du canal d’exploitation. On
ajoute à cette bouillie celle que l’on retire du fond de
l ’eau avec la drague , et on la laisse s’égoutter et sa
raffermir ; on la comprime alors avec des battes de
manière à la réduire en-une couche égalé de 20 a
centimètres d’épaisseur. On trace sur cette couche raffermie
des rectangles qui servent à diriger 1 ouvrier qui
doit la diviser en parallélipipèdes.
On enlève alors une rangée de parallelipipedes de
Tourbe sur deux, et on place cette rangée sur celle
que l’on a laissée. Lorsque la rangée de dessus est
sèche, on remet en dessus celle qui étoit dessous, et
on n’enlève les Tourbes que lorsque la dessication est
corn plète. ( Dejean. )
Dans toutes les méthodes d’exploitation, il faut avoir
soin de bien faire sécher les Tourbes avant de les mettre
en magasin. C’est pour arriver facilement à cette dessication
prompte et complète, qu’on n’exploite guère les
Tourbes que pendant le printemps et l’été. Pour opérer
cette dessication dans la méthode ordinaire d’exploitation
, on transporte les Tourbes sur un terrein sec, et
on les dispose successivement, ou en petits tas de i 5 à 2r
tourbes, ou en pyramides de onze Tourbes de base, ou
en muraille d’une seule Tourbe d’epaisseur sur près d’un
mètre de hauteur. Dans tous ces arrangemens, les
Tourbes sont toujours disposéesà claire-voie. Les Tourbes
desséchées se mettent en pile que l’on recouvre d’un
toit de roseaux , pour les garantir de la pluie. Il est
même prudent dë ne faire jamais de grands amas de
Tourbes, parce qu’ils risqueroient de s'échauffer et fîni-
roient par s’enflammer, si on n’y avoit pas ménagé des
courans d’air suffisans.
2. Tourbe pyriteûse. On l ’appelle aussi Tourbe du
haut p a y s , Tourbe vitriolique, Tourbe profonde.
La réunion de ces noms indique ses principaux caractères.
Elle est plus compacte que la précédente ; elle
renferme beaucoup de coquilles et beaucoup de pyrites.
Au lieu de se trouver à la surface du sol , elle est située
ordinairement à quelques mètres de profondeur; elle est