assez fin , on le crible ou on le lave sur des tables : on
le place ensuite sur la sole d’un petit fourneau à réverbère,
qui est chauffé avec du bois ou de la houille ; ce
fourneau est terminé par une longue cheminée horizontale
, destinée à condenser l’oxide d’arsénic qui se
dégage du minerai de Cobalt.
Lorsque le minerai de Cobalt est privé, par ce grillage,
du soufre et de l'arsenic qu’il contenoit, on le crible
de nouveau , on le broie très-finement, et on le mélange
avec deux ou trois parties de sable siliceux très-pur.
On a alors la préparation qu’on nomme safre.
Si on veut faire du smalt ou de l’azur, qui est beaucoup
plus commun dans le commerce que le safre, on
ajoute à l’oxide de Cobalt grillé, criblé et pulvérisé,
deux ou trois parties de sable siliceux, à-peu-près autant
de potasse, et même plus, selon la faculté qu’a l’oxide
de teindre plus ou moins fortement. On met ce mélange
dans des creusets qu’on place dans un fourneau. On
obtient par la fusion un verre bleu que l’on jette tout
chaud dans l’eau. Il reste ordinairement au fond du
creuset un culot de Cobalt métallique, souvent imput1,
qu’on nomme speis.
Ce verre bleu est broyé dans des moulins, et divisé par
des lavages successifs en poudres bleues de diverses ténuités.
Ce sont ces poudres qu’on nomme smalt ou azur.
On reconnoît plusieurs qualités de smalt ou d’azur ,
en raison de l’intensité de leur couleur et de lenr ténuité.
L azur le plus fin est employé dans l’apprêt des toiles,
batistes,linons, mousselines et fils; celui du second degré
sert à teindre l’empois, et est employé dans la peinture en
émail ; le plus gros sert aux confiseurs ou aux peintres
en bâtimens, pour faire des fonds d’azur sablé.
C’est ainsi qu’on prépare le safre et le smalt à Schnée-
berg en Saxe, à Platten et à Joachimsthal en Bohème,
à Gloknitz en Autriche, et qu’on l’a préparé à Sainl-
Mamet dans la vallée de Luchon, au milieu des Pyrénées
françaises.
Le bleu que l’on met en fond sur la porcelaine dure,
se fait avec de l’oxide de Cobalt soigneusement purifié,
et fondu avec du felspath et un peu de potasse.
Le bleu du Cobalt est extrêmement vif, et aussi
inaltérable que celui qu’on lire du lazulite , et qui est
connu sous le nom A’oaire-mer ; mais comme c’est une
matière vitreuse, il ne pouvoit s’employer à l’huile.
M. Thénard a composé un bleu de Cobalt qui possède
cette qualité, en faisant un mélange d’alumine et de
phosphate de Cobalt préparé avec soin. Cette couleur
joint à toutes les qualités de l’outre-mer, l’avantage d’être
à un très-bas prix.
§. X I . Traitement métallurgique et usages de
V Arsenic.
On ne traite presque jamais les minerais d’Arsénié
proprement dits; l’oxide de ce métal qui est mis dans le
commerce , vient du grillage des minerais d’étain,
d’argent, de cobalt, &c. On a vu que ces grillages,
et sur-tout celui du cobalt, se faisoient souvent dans
des fourneaux à réverbère , dont le laboratoire prolongé,
formoit plusieurs chambres dans lesquelles l’oxide
d’Arsénic sublimé par le grillage venoit se condenser.
On retire de temps en temps cet oxide ; mais il est
impur, et demande à être purifié par une nouvelle
sublimation. Cette opération se fait de la manière suivante
à la mine de Maurizzech, près d’Aberdam, dans la
contrée de Joachimsthal en Bohême.
Le fourneau de sublimation consiste en un massif
de maçonnerie, carré-long. Il y a deux foyers, un à
chaque extrémité ; les cheminées se réunissent dans
une voûte commune qui donne issue à la fumée. On
place sur le foyer de ces fourneaux cinq vaisseaux subli-
maloires , composés chacun d’une cucurbite et d’un
chapiteau conique en fonte ; ces deux pièces sont lutées
avec de l’argile. On ne met l’Arsénic dans les cucur-
bites que lorsqu’elles sont rouges ; on y fait entrer cé
Usage».