Visité dans le département du Mont-Tonnerre ; l'autre
est celui d’Almaden et d’Idria.
Au Mont-Tonnerre, le sulfure de Mercure convenablement
broyé, est mélangé avec de la chaux éteinte.
Plus le minerai est riche, plus la proportion de chaux
doit être forte. Lorsque le minerai tient o,o;5 de son
poids de Mercure, on y ajoute environ 0,13 de chaux.
On met ce mélange dans de grandes cornues de
fonte, qui ont environ un mètre de long sur 35 centimètres
de diamètre. On dispose ces cornues sur deux
rangs de hauteur, dans des fourneaux longs que l’on
nomme galères, et on adapte à chacune d’elles un
récipient de terre rempli d’eau jusqu’au tiers. On fait
du feu dans ce fourneau avec du bois ou de la houille.
Le sulfure de Mercure est décomposé par la chaux. Le
Mercure pur est reçu dans le récipient,
A Almaden et à Idria, le sulfure de Mercure est
traité dans un fourneau d’une construction particulière.
Ce sont deux petits bâtimens éloignés l’un de l’autre,
et communiquant par une terrasse traversée par une
rigole. L ’un de ces bâtimens est le fourneau dans lequel
on met le cinnabre. On le pqse sur un plancher de
brique, percé d’ouvertures , par lesquelles passe une
partie de la flamme du foyer qui est au-dessous. Le
minerai en poussière est pétri avec de l’argile, pour
qu’on puisse en faire des petites masses. On ajuste aux
ouvertures de ce fourneau qui donnent sur la terrasse,
plusieurs rangées d’aludels enfilées à la suite les unes
des autres , et qui vont se rendre dans le bâtiment
opposé. C’est par ces canaux que le Mercure est porié
par distillation dans le bâtiment qui est à l ’autre extrémité
de la terrasse , et qui sert de récipient.
Ce fourneau a été d’abord .établi à Almaden, puis
copié à Xdria. Si la description qu’on en a donnée est
complète, on voit qu’il a de nombreux défauts, notamment
ceux d’employer beaucoup de combustible, et
de laisser probablement perdre beaucoup de Mercure.
On ne dit pas non plus quel est l’intermède dont on se
sert pour décomposer le sulfure de Mercure.
Peu de métaux ont des usages plus variés.
Comme métal, il est employé dans la construction
de plusieurs instrumens de physique. On s’en sert aussi
dans les arts pour donner aux glaces ce que l’on nomme
le tain, c’est-à-dire, pour fixer sur une de leurs faces un
amalgame d’étain et de Mercure. On étend sur une
grande table de pierre, mobile et à rebord , des feuilles
d’étain laminé. On les recouvre d’une couche de Mercure
de quelques centimètres d’épaisseur. On glisse la
glace qu’on veut mettre au tain sur ce bain de Mercure,
et on fait écouler le Mercure surabondant, en
redressant la table de pierre. La feuille d’étain amalgamé
s’applique exactement et solidement sur la glace.
Le Mercure sert dans la dorure et l’argenture sur
cuivre. On fait dissoudre l’or et l’argent dans ce métal.
On applique cet amalgame sur le cuivre. On porte la
pièce au feu : le Mercure s’évapore, et laisse sur le cuivre
l’argent ou l’or.
On combine artificiellement le Mercure avec le soufre
, et on en fait un cinnabre pur qui est employé
dans la peinture à l’huile, sous son vrai nom et sous,
celui de vermillon.
Le Mercure offre à la médecine, dans ses préparations
chimiques, un grand nombre de médicamens
efficaces.
Les ouvriers qui travaillent dans les mines de Mercure
, et ceux qui manient beaucoup ce métal, sont
exposés à des maladies dangereuses, nolamment à des
tremblemens convulsifs et à la paralysie.
Ufages.