leur formation. On rencontre dans beaucoup de Tourbes
des amas assez considérables de coquilles flnviaiiles dont
les animaux oui été décomposés. Ces Tourbes répandent,
en brûlant, une odeur désagréable. Quelques tourbières
contiennent des troncs d’arbres et même des arbres entiers
, qui se sont conservés au point qu'ils peuvent
servir nou-senlement comme bois à brûler, mais encore
comme bois de construction.
On a trouve de ces arbres dans les tourbières de
Hollande et d’Irlande, dans celles de Kincardine et de
Ilanders en Perlhslnre, et de Dalmally en Ecosse, Sec.
On a remarqué que ces arbres étoient ordinairement
tous couchés dans le même sens; qu’ils étoient renversés
auprès de leurs souches ; que celles-ci étoient coupées
a-peu-pres a la même hauteur , et que dans beaucoup
de cas, on y reconnoissoit l’empreinte delà hache.
Les tourbières renferment aussi des débris d’animaux
, des têtes et des squelettes de boeufs, des bois de
cerfs. Ceux des tourbières d’Ecosse sont d’une grandeur
remarquable, et ont appartenu à une espèce qui n’existe
plus actuellement.
Enfin on a trouvé dans la Tourbe beauconpde monu-
mens de l’industrie humaine, des armes, des outils de
bûcherons et d’agriculture, des bois de construction, des
chaussées construites , tantôt en fascines disposées en
couches comme celle que l’on a découverte dans les tourbières
de Kincardine, tantôt avec des boules de terre
cuite de la grosseur du poing, telle que celle qui a été
trouvée daus les tout bières de Dieuze.
On a remarqué que les objets enfouis dans la Tourbe
se conservoient très-bien , parce qu’ils sont enveloppés
d’une matière astringente qui les abrite du contact de
l ’air sans pouvoir les dissoudre, et qui est molle, mais
assez solide pour les mettre à l’abri de tout choc et de
tout mouvement qui pourroil les altérer ’.
Cependant M. de Lnc prétend que les tourbières ont nn mouve-
Ces observations semblent prouver que la Tourbe est Formation , . u J delà lourbc. d une formation beaucoup plus moderne que celle clés
autres combustibles fossiles, et qu’elle s’est formée depuis
l'existence des sociétés. Cependant on ne pourroit pas
tirer, avec, certitude, cette conclusion de ce qu’on a
trouvé au fond des tourbières des produits de l’industrie
humaine; car on doit se rappeler qu’une des propriétés
résultantes de la mollesse et de l’élasticité de la
Tourbe, c’est d’enfouir peu à peu les corps pesans abandonnés
à sa surface.
On n’a encore aucune donnée certaine sur la formation
de la Tourbe ; on ne sait pas pourquoi certains
marais en renferment et semblent même la renouveler
quand on l ’enlève , tandis que d’autres , également remplis
de végétaux aquatiques, laissent pourrir ces végétaux
sans avoir la puissance de les transformer en Tourbe.
Quelques naturalistes ont cru que la formation de la
Tourbe éloil due à la présence d’une espèce de plante
particulière, et nota ni ment à celle du sphagnumpalustre;
mais l'observation prouve le contraire. On a trouvé sur
le bord de la Meuse, au-dessous de Maëslricht, des
Tourbes entièrement composées de feuilles. On voit
dans le Jura des Tourbes qui ne contiennent que des
feuilles d’arbres résineux. M. Decandolle a observé,
dans les dunes de la Nord-Hollande, des Tourbes qui
brûlent fort bien , et qui sont composées de varecs, et
notamment du fucus digitatus.
H autres naturalistes ont attribué la formation de la
Tourbe à la qualité de certaines eaux qui ont la p r o priété
de tanner, pour ainsi dire , les végétaux, et de
s’opposer ainsi à leur décomposition complète.
Beaucoup de naturalistes pensent que les Tourbes
peuvent se reproduire après avoir élé en levées, et ils ne
diilérent que sur Je temps nécessaire à celte nouvelle
menpprojressif analogue à celui des glaciers. ( Lettres sur les hommes
et Us montagnes. )